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À l’heure où les budgets participatifs ont de plus en plus la cote dans les municipalités québécoises, le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) invitait les professionnels du milieu municipal et les représentants d’organismes communautaires à réfléchir ensemble aux possibilités qu’offrent les budgets participatifs. Un événement qui s’est tenu à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, le 15 septembre dernier, et dont on peut désormais revivre les faits saillants grâce à des captations vidéo.
Lors de cet événement, organisé en collaboration avec l’association française Décider ensemble, 100º a particulièrement retenu la conférence d’ouverture, animée par Véronique Fournier, directrice générale du CEUM, et qui réunissait sur une même scène Loïc Blondiaux, professeur de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi que Rémy Trudel, professeur invité à l’ENAP-École nationale d’administration publique. Ces deux experts avaient pour mission de répondre la question suivante : « Dans un monde en changement, comment répondre aux défis auxquels fait face la démocratie participative ? ».
Démocratie participative ou représentative ?
Sans faire de divulgâcha, on peut dire que depuis le premier Forum social mondial à Porto Alegre, en 2001, de nombreux progrès ont été accomplis en matière de démocratie participative. Les modes de consultation se sont multipliés au fil des ans, même si leur arrimage avec les sphères décisionnelles fait encore défaut.
À ce chapitre, le budget participatif représente certes un excellent outil pour le maintien de ce mouvement, mais, comme le fait remarquer Rémy Trudel, le défi que l’on doit relever, c’est de maintenir vivante cette participation citoyenne et l’amener plus loin afin de « soutenir la citoyenneté de la participation ». À plus forte raison quand on constate les lignes de fracture qui se dessinent actuellement dans l’espace social.
Loïc Blondiaux partage cette lecture de la situation, rappelant qu’il n’existe pas de paradis de la démocratie représentative. Et que nous éprouvons toujours de la difficulté à imaginer d’autres modalités de gouvernement, d’autres formes de participation. Selon lui, ce qui est en cause, c’est la survie même de la démocratie représentative, car elle est attaquée de toutes parts de l’intérieur comme de l’extérieur. Il s’inquiète ainsi de la perte de légitimité des institutions dans lesquelles les citoyens ne se reconnaissent plus. En ce sens, la démocratie participative doit être pensée dans le cadre d’un plan de sauvegarde de la démocratie représentative.
Demain la démocratie ?
Et de fait, un changement de paradigme commence à se dessiner. Une vague délibérative est en train de déferler. Tout le monde fait le constat qu’on ne peut plus continuer comme avant. Même la classe politique, qui a toujours été hostile à la démocratie participative, comprend que pour porter des projets, il faut désormais y associer les citoyens.
Cela dit, le danger c’est de ne s’en tenir qu’à de l’événementiel participatif. Car, nous conservons une conception du pouvoir fondée sur la légitimité du processus électif. Ceux qui ne sont pas élus n’ont pas de légitimité. Or, il faut se défaire de ces modes de pensée qui sacralisent l’élu en lui conférant le monopole de la définition de l’intérêt général. Voilà pourquoi Loïc Blondiaux fonde ses espoirs sur de nouvelles générations d’élus qui auront à cœur la démocratie participative.
Et ce n’est que le début d’une série d’échanges passionnants dans lesquels il sera notamment question de co-construction, d’intelligence collective, d’économie sociale, d’obligation de participation, du métier de citoyen et même du plaisir citoyen.
Cette conférence était suivie d’un panel sur la gouvernance des budgets participatifs, animé par Isabelle Gaudette, coordonnatrice Processus participatifs au CEUM.
Qu’est-ce que la démocratie participative ?
La démocratie participative représente une forme de partage de l'exercice du pouvoir fondé sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision. On peut aussi parler de « démocratie délibérative » afin de mettre l'accent sur les différents processus qui permettent la participation du public à l'élaboration des décisions. La démocratie participative peut prendre plusieurs formes, mais elle s'est d'abord enracinée sur le terrain de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, donc à l’échelle municipale, avant de s'étendre dans les champs de l'environnement.
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