Ressource
La difficulté d’accéder à des équipements de loisir et de sport représente, pour bien des gens, un frein à la pratique d’activité physique et de plein air, notamment chez les clientèles plus vulnérables. Le Réseau des Unités régionales de loisir et de sport du Québec (URLS) s’est donc donné pour mission de repenser cette accessibilité en lançant son programme circonflexe - Prêt-pour-bouger.
Avec cette initiative parapluie, le Réseau des URLS souhaite donc inventer de nouvelles manières de partager les équipements afin d’accroître leur disponibilité et leur accessibilité. Comme l’illustre Steeve Ager, directeur général du Réseau, l’idée c’est, entre autres, de déverrouiller les cadenas des locaux d’équipement. D’en venir à une mutualisation des ressources.
Bien sûr, pour y parvenir, il faut d’abord établir un inventaire de ces ressources, connaître les besoins sur le terrain et recenser les différentes stratégies de prêt déjà en place. En 2021 et 2022, un projet pilote a ainsi permis la création de 75 banques d’équipements dans les 17 régions du Québec. Des expériences qui ont été menées par des organismes communautaires, des organismes pour personnes handicapées, des municipalités ou encore des établissements scolaires mettant en place du partage inter-écoles… Toutes ces initiatives forment le noyau dur de la future plateforme numérique circonflexe - Prêt-pour-bouger.
« À l’heure actuelle, explique Steeve Ager, nos efforts se portent essentiellement sur les partenaires, car nous visons la création de 400 à 500 installations “circonflexe” avant de nous adresser au grand public. Car il faut d’abord que notre plateforme intègre les inventaires des partenaires, et que nous leur fournissions les outils de gestion de prêts. Ensuite, le public pourra bénéficier d’une application mobile qui lui permettra d’identifier les équipements disponibles près d’un lieu de pratique, partout à travers le Québec. »
L’accent circonflexe
« Notre intention première, insiste Steeve Ager, ce n’est pas de remplacer le nom des initiatives locales, mais de faire en sorte qu’elles se retrouvent toutes unies sous une même marque. Une même bannière. Le x de “circonflexe” reflète d’ailleurs cette vision puisqu’il se compose de deux pointes de flèches qui convergent l’une vers l’autre, comme un point de rencontre où deux accents se rejoignent. Car l’objectif, c’est de créer un grand réseau collectif d’accès aux équipements de sport et de loisir. »
Ce projet est né à la suite de l’annonce faite, en mai 2022, par la ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine, Mme Isabelle Charest, d’un financement sur 5 ans pour assurer l’accès aux équipements récréatifs, sportifs et adaptés partout au Québec. Essentiellement, il s’agit de fournir aux gens ce dont ils ont besoin pour bouger, mais qui n’est pas en soi une infrastructure.
« Or, tient à préciser Steeve Ager, nous avons accepté ce mandat non pas pour simplement déployer un programme de financement, mais pour en faire un projet de société, de manière à conduire nos partenaires et les communautés à repenser l’accessibilité des équipements de sport et de loisir. Et à leur fournir les ressources nécessaires, que ce soit pour financer de l’animation, de l’achat d’équipement, de l’entretien, du renouvellement et même du transport pour rapprocher, le cas échéant, l’équipement des centres de pratique. »
Des équipements de loisir et de sport à portée de main
Au Québec, nous avons beaucoup investi dans les infrastructures et les parcs. Mais, avec « circonflexe » le but est notamment de faciliter la pratique spontanée d’activité physique. Pour que, par exemple, des visiteurs dans un parc, et qui n’ont pas nécessairement planifié de bouger, puissent le faire tout simplement parce que l’occasion se présente.
« Ce que l’on souhaite, souligne Steeve Ager, c’est la création de lieux de pratique qui soient complets. On ne songerait pas à aménager un terrain de baseball sans éclairage, parce que ça donnerait un site incomplet. De la même manière, un terrain de basketball où on ne trouve pas de ballon, c’est un site incomplet. »
Des casiers connectés pour bouger
C’est notamment dans cette optique que le Réseau des URLS a commencé le déploiement d’une technologie qui nous vient de la Suisse : les BoxUp. Alimentés par l’énergie solaire, ce sont des casiers où l’on peut entreposer de manière sécuritaire de l’équipement, comme des ballons de soccer, des disques-volants (Frizbee), des boules de pétanque, etc., et que les utilisateurs peuvent ouvrir à l’aide d’une application mobile. D’ici le printemps 2024, une centaine de ces casiers connectés seront installés dans des parcs urbains et même des campus collégiaux ou universitaires. Ils permettront en outre de recueillir des données pour évaluer l’utilisation de ces équipements.
Et ce n’est qu’un exemple des manières de prêter de l’équipement de loisir et de sport. Ainsi, à Montréal, certaines bibliothèques, des établissements qui visiblement s’y connaissent en matière de prêts, permettent depuis 2022 à leurs usagers d’emprunter des équipements sportifs pour pratiquer des activités de plein air de proximité.
« En fait, tous les moyens sont bons, insiste Steeve Ager. Au-delà des prêts à court terme, nous allons aussi explorer des formules à moyen et à long terme. Autrement dit, il n’existe pas un modèle unique, mais c’est plutôt le cumul de ces différentes formules, dans un esprit coopératif, qui va permettre de lancer ce mouvement “circonflexe” »..
Solidarité et économie circulaire
Ce projet rassembleur va au-delà de la seule mission qui consiste à favoriser le loisir et le sport par le prêt d’équipement. S’articulant autour de valeurs de partage, de solidarité et de mutualisation, « circonflexe » s’inscrit par ailleurs dans une vision de développement durable. Car sa généralisation pourrait contribuer à diminuer la surconsommation. Par exemple, est-il bien utile de posséder sa propre planche à pagaie, pour ensuite avoir à la transporter vers un plan d’eau « circonflexe » où l’on peut en emprunter une gratuitement ?
Et Steeve Ager de conclure : « Le Réseau des URLS, qui a reçu le mandat de coordonner cette initiative et de mobiliser les partenaires, a bel et bien l’intention d’en faire un projet rassembleur pour qu’il nous conduise ailleurs ».
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