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Pour de nombreuses raisons, les jeunes ne profitent pas suffisamment des bénéfices que procurent les déplacements actifs vers l’école. L’une d’entre elles est attribuable à des enjeux de sécurité, réels ou perçus. En effet, bien des parents vont préférer reconduire leur enfant en voiture afin de mieux le protéger, ce qui augmente les risques pour les autres. Comment briser ce cercle vicieux pour en faire un cercle vertueux ? Voici des pistes de solutions.
Afin de réduire les collisions et les blessures dont sont victimes les enfants aux abords des écoles, mais aussi des parcs, la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) propose une approche préventive et environnementale. Pour le résumer, la DRSP considère que l’utilisation de la voiture pose de nombreux problèmes de santé publique. Et qu’il est urgent d’agir afin de mieux les prévenir.
Car les preuves ne sont plus à faire : de forts volumes de circulation automobile dans les milieux de vie augmentent le nombre de traumatismes routiers, ce qui induit un sentiment d’insécurité et qui finit par décourager les résidents d’adopter des modes de transport actif. De plus, la circulation motorisée génère des émissions de gaz à effet de serre, en plus d’engendrer des problèmes de santé que suscite l’exposition prolongée à des niveaux élevés de bruit et de pollution de l’air.
Urbanisme scolaire
Si on souhaite favoriser les déplacements actifs des jeunes sur le chemin de l’école, il faut d’abord réduire la dépendance à l’automobile. Ce qui implique un réaménagement de l’espace urbain avec la création de milieux de vie complets et de « courtes distances ». Des quartiers où commerces, services de proximité, équipements collectifs, installations communautaires, espaces publics et espaces verts sont à distance de marche. Et au cœur desquels se niche une école. Approche que le Juan Torres, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, appelle « urbanisme scolaire ».
Pour y parvenir, la DRSP prône donc une toute nouvelle posologie de l’utilisation de l’automobile. Ce qui passe par une réallocation des ressources financières et de l’espace urbain, actuellement consacrés à la voiture, au profit des transports actifs et collectifs. Et qui demande donc d’accroître l’offre d’infrastructures piétonnes et cyclables accessibles, conviviales et sécuritaires au profit de l’ensemble de la population. En bref, du point de vue de la santé publique, il est désormais souhaitable de tourner le dos au modèle de développement urbain hérité du siècle dernier afin de diminuer notre « exposition » à l’automobile.
Apaisement de la circulation
À cette réduction de la dépendance à l’automobile doit aussi correspondre une diminution des limites de vitesse. Dans son document, la DRSP cite un rapport de l’Organisation mondiale de la santé selon lequel le risque de décès, lors d’une collision impliquant voiture et piéton est de 80 % à 50 km/h. Risque qui se chiffre à 10 % quand la limite respectée est de 30 km/h. Un 30 km/h qui est d’ailleurs réclamé par bien d’autres organismes comme Vélo Québec et Piétons Québec.
Bien entendu, les limites de vitesse ne suffisent pas. De nombreuses stratégies d’aménagement doivent aussi être mises en place de manière à réduire la place qu’occupe la voiture, et surtout dissuader les automobilistes de commettre des excès de vitesse. Pensons par exemple aux saillies de trottoirs, aux traverses surélevées, etc.
Transition socioécologique
Ces réflexions, qui se retrouvent dans le document Vers des déplacements actifs sécuritaires et conviviaux sur le chemin de l’école, doivent se replacer dans la plus large perspective de la transition socioécologique, insiste la DRSP. Ce qui se définit, comme le « passage à un modèle économique et social plus durable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler et de vivre ensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux, ceux de la crise climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité et de la multiplication des risques sanitaires environnementaux* ». On peut dire en effet que ça prend toute une ville pour élever des enfants…
Consultations publiques
Ce rapport de la DRSP a été soumis à la Commission sur le transport et les travaux publics qui a reçu de la Ville de Montréal le mandat de tenir une consultation publique sur la sécurisation aux abords des écoles. La Commission en est maintenant rendue à l’étape de l’analyse des opinions et la rédaction des recommandations ainsi que du rapport. Le 20 mars prochain, lors d’une dernière séance publique, qui sera accessible en direct et en différé, la Commission va présenter et va adopter publiquement ses recommandations.
À noter que le projet de recommandations et le formulaire pour transmettre une question ou un commentaire seront disponibles le jour de l’assemblée à partir de 9 h.
*Source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028. 128p. 2023
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