Au Québec comme ailleurs, l’approvisionnement alimentaire local s’insère peu à peu dans les habitudes des consommateurs, des restaurants et même des institutions publiques. Voici quelques exemples des retombées économiques, sociales et environnementales de ce mouvement.
L’agriculture soutenue par la communauté (ASC)
Les « paniers bio », une initiative d’Équiterre née il y a 20 ans, ont beaucoup de succès au Québec : plus de 100 fermes fournissent des aliments biologiques à 60 000 personnes chaque semaine, particulièrement de mai à novembre.
Ce réseau génère 6,5 millions $ de retombées par année au Québec. La part des paniers d’hiver représente près de 1,7 million $ investis directement dans les communautés locales.
Cette initiative permet également d'offrir des prix avantageux pour les consommateurs et des prix équitables pour les producteurs. Elle favorise aussi l'émergence d'une relève agricole locale respectueuse de l'environnement, car les fermiers de famille d’Équiterre sont âgés en moyenne de 38 ans alors qu’au Canada, l’âge moyen du producteur est de 54 ans.
Cafétérias communautaires au Nouveau-Brunswick
Le Réseau des cafétérias communautaires (RCC) approvisionne en fruits et légumes locaux 25 écoles francophones du sud-est du Nouveau-Brunswick.
Un professeur d’économie de l’Université de Moncton a estimé que dès la première année, les ventes de 1,4 M$ du RCC ont généré des retombées socioéconomiques estimées à près de 3 900 000 $ au Nouveau-Brunswick.
Farm to School aux États-Unis
Des chercheurs américains ont récemment évalué les impacts économiques locaux du programme Farm to School (FTS). En utilisant des outils de mesure rigoureux, ils ont démontré que l’approvisionnement local des écoles participant à ce programme génère davantage d’emplois qu’un approvisionnement traditionnel.
Leurs calculs indiquent également que sur 100 $ dépensés dans le cadre du programme FTS à Minneapolis, 82 $ restent dans la région, contre 70 $ dans le cas d’un approvisionnement traditionnel.
L’agriculture urbaine commerciale : un secteur en pleine ébullition
Nous n’avons pas trouvé de données sur les effets économiques de l’agriculture urbaine commerciale, mais ce secteur attire des entrepreneurs innovateurs qui contribuent à la croissance économique.
Par exemple, les trois serres sur toit des Fermes Lufa représentent un investissement de 10 M$. L’entreprise, dont les serres sont situées à Montréal et à Laval, emploie 140 personnes et a établi des partenariats avec des dizaines de producteurs locaux et régionaux pour varier son offre.
Des retombées sociales...
L'agriculture biologique et agroécologique de proximité est favorable à une approche solidaire et coopérative, dont les retombées sociales sont importantes. En voici quelques exemples :
- En 2017, le projet Cultiver l'espoir (photo ci-dessus) a permis de produire près 120 tonnes de légumes racines biologiques sur des terres agricoles de la Ville de Montréal : 55 % de la récolte va aux banques alimentaires Moisson Montréal, Mission Bon Accueil, et Jeunesse au Soleil. De plus, grâce à l'implication de l'organisme D-Trois-Pierres, il comprend un volet d'insertion sociale et professionnelle pour de jeunes adultes.
- La Mauve regroupe 40 producteurs agricoles et petites entreprises de transformation dans la région des Chaudière-Appalaches. La coopérative distribue, transforme et met en valeur les produits de ses membres et distribue des paniers biologiques.
- La Caravane des Cultures est une initiative du Centre local de développement des Jardins-de-Napierville. Il s'agit d'un marché mobile qui vend des fruits et légumes locaux à prix abordable à des endroits stratégiques comme les terrains de jeux, les camps de jour, les CPE ou les centres communautaires.
- Grâce à une récolte annuelle de 20 tonnes, le projet d’agriculture communautaire de la MRC d’Argenteuil fournit des légumes frais à 550 familles défavorisées. Cette parcelle de terre d'un hectare a permis de créer une réelle solidarité autour du droit de tous à une alimentation saine.
... et environnementales
De plus, toutes ces initiatives, commerciales, coopératives ou à but non lucratif, sensibilisent les consommateurs et les institutions à l’importance de manger des aliments sains dont le transport génère moins de gaz à effet de serre que ceux qui sont importés de Californie ou du Mexique, par exemple.
Tout récemment, des chercheurs ont estimé la valeur des services écosystémiques actuellement rendus par l'agriculture urbaine et périurbaine dans le monde à 33 G $ US. Leur étude indique que si cette activité s'intensifiait, cette valeur pourrait atteindre entre 80 et 160 G $ US.
Des données provinciales
- Au Québec, les retombées économiques de l’agrotourisme sont considérables selon un rapport publié en 2016 par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). Les dépenses et investissements des exploitants contribuent directement au PIB québécois pour un montant de 187 M$.
- En 2011, les retombées économiques des quelque 100 marchés publics du Québec étaient estimées à 322 M$.
- Selon une estimation faite par MAPAQ en 2007, si chaque consommateur ajoutait « 30 dollars d’aliments québécois à son panier d’épicerie par année, il en résulterait après 5 ans une augmentation de plus de 1 G$ des achats de produits alimentaires du Québec. »
[ Note : texte modifié le 23 janvier 2018 ]