Kenny Chery, qui porte aujourd'hui les couleurs du Boulazac Basket Dordogne de la ligue JEEP Elite (Pro A), le plus haut échelon du Championnat de basketball français, est un modèle de persévérance et d'accomplissement. Pour se rendre jusque-là, l'ancien joueur de l'équipe des Dragons de l'école Jeanne-Mance n'a jamais cessé de croire en son rêve.
Comme tous les étés, Kenny est de retour à Montréal pour prêter main-forte à son ancien entraîneur Martin Dusseault, travailleur social et coordonnateur du programme « Bien dans mes baskets » au CIUSSS-CSM, et s'entraîner avec les jeunes de son quartier natal du Centre-Sud de Montréal. « J'ai été un jeune comme eux, confie-t-il d'entrée de jeu. C'est important pour moi de leur transmettre le message que tout est possible quand on reste focussé sur ce qu'on veut faire dans la vie. »
Les moyens de vivre son rêve
Malgré sa petite taille, Kenny Chery a toujours su qu'il voulait être un athlète de haut niveau et jouer au basket. « C'était dur parce qu'on me disait que je n'étais pas assez grand, précise-il, mais moi, je croyais en mon talent. » Quand il entre au secondaire, Kenny est un adolescent timide et introverti. Bien qu'il éprouve des difficultés scolaires, l'école Jeanne-Mance lui offre l'opportunité de faire ses preuves au sein de l'équipe des Dragons. Mais Kenny doit vite réaliser que ses talents sportifs ne suffisent pas pour réaliser son rêve. « Martin m'a assis dans son bureau, raconte-t-il, et il m'a fait comprendre que sans diplôme, ma carrière de basket s'arrêterait là. Il m'a aidé à me discipliner et à me prendre en main. »
« Ça aurait été facile de ne pas encourager Kenny dans ses rêves. Mais qui suis-je pour décider que son rêve ne marchera pas? On est là pour les aider dans leur chemin à eux, pour faire en sorte que ça puisse se réaliser. » - Martin Dusseault
La confiance qui donne des ailes
En 2007, Kenny est sélectionné pour faire partie de l'équipe du Québec U15 qui permet aux douze meilleurs athlètes québécois de 15 ans et moins de se mesurer aux autres provinces. Il a alors la chance d'être dirigé par Martin qui est entraîneur pour l'équipe du Québec. « C'était très difficile, avoue Kenny, plusieurs joueurs avaient beaucoup plus d'expérience que moi. Mais Martin m'a encouragé à faire les petites choses que les autres ne font pas, à communiquer et à souder l'équipe. »
Également sélectionné dans l'équipe U17, Kenny est considéré le joueur le plus utile à son équipe et remporte, en 2009, les Jeux du Canada. « Ces années-là, poursuit Martin Dusseault, on a vraiment vu Kenny se démarquer. Il a acquis une solidité et a développé un leadership exceptionnel. »
« C'est une question de confiance. Je savais que Martin avait confiance en moi et j'avais confiance en lui. Cela m'a mené très loin. » - Kenny Chery
La persévérance avant tout
À la fin de son secondaire, Kenny reçoit une offre du Archbishop Carroll High School, à Washington, réputé pour son programme de basketball. Il trouve difficile de quitter sa famille, mais il est prêt à tout pour perfectionner son jeu, même dans l'adversité. « Quand je suis sorti du High School, dit-il, mon but c’était d’aller jouer directement à l’université. J’ai dû aller deux ans au Junior College, au Missouri. C'était frustrant. J’allais en classe et au gymnase, c’est tout. Mais je savais que si je persistais, cela me mènerait quelque part. »
Après deux saisons exceptionnelles au State Fair Community College, et avec un bon bulletin, Kenny est recruté par les Bears de l'Université Baylor, au Texas. Meneur de jeu, il aide alors son équipe à se qualifier pour le championnat national de la NCAA deux années de suite. « Les Québécois qui jouent à ce niveau sont souvent gros et forts, précise Martin Dusseault. Kenny est le seul de sa taille à s'être rendu aussi loin. Il a dû faire preuve de beaucoup de volonté et travailler sur bien d'autres aspects. »
« Il y en a qui sont chanceux, mais moi je ne veux pas être chanceux. Je veux y arriver en me distinguant, en faisant quelque chose de spécial. Donc je travaille beaucoup sur la stratégie, parce que je sais que je ne pourrai pas toujours sauter plus haut que les autres. » - Kenny Chery
Un modèle pour les jeunes
Le basketball a transformé complètement Kenny. Difficile d'imaginer l'adolescent timide et renfermé devant l'homme assuré et communicatif qu'il est devenu. « Je pense beaucoup à mon cheminement, souligne Kenny. Dans mon quartier, j'ai beaucoup d'amis qui ont pris le mauvais chemin. Moi, j'ai fait beaucoup de sacrifices, mais je suis heureux aujourd’hui. Je fais ce que je voulais faire et j'ai encore beaucoup à accomplir. »
Par son parcours exemplaire, Kenny envoie un message de courage et d'espoir aux jeunes qui douteraient de leurs capacités. « Le succès de Kenny m'aide à travailler avec les autres, précise Martin Dusseault. C'est précieux pour les jeunes de pouvoir échanger avec lui. Ils voient que c'est possible de réaliser ses rêves, mais ils comprennent qu'il y a des choix à faire pour y parvenir et qu'il faut persévérer. »
Fondé en 2005 par le travailleur social Martin Dusseault, le programme « Bien dans mes baskets » du CIUSSS Centre-Sud de l'ïle de Montréal utilise le basketball parascolaire comme outil d'intervention et de prévention auprès des jeunes à risque de décrochage, d'exclusion et de délinquance à l'école secondaire Jeanne-Mance, à Montréal.