Santé et société

Basket dans ton quartier: une initiative sociale qui marque des points

Basket dans ton quartier: une initiative sociale qui marque des points

Ressource

À Laval, le programme Basket dans ton quartier pacifie les parcs, tout en offrant à de jeunes entraîneur·euses l’occasion de développer un leadership positif. Découvrez cette initiative sociale et sportive, dont tout le monde ressort gagnant !

À cause d’une vilaine blessure, Arusha Nadarajah était confinée aux estrades, privée de sa passion, le basketball interscolaire. « Je ne pouvais plus jouer, et ça me rendait vraiment triste. » Sensible à sa détresse, la technicienne sportive de son école secondaire lui a parlé d’un nouveau programme visant à former des jeunes pour animer la pratique libre du basketball dans les parcs de Laval. Arusha a posé sa candidature, et celle-ci a été retenue. Trois ans plus tard, elle constate à quel point son engagement avec Basket dans ton quartier a eu un impact positif sur sa vie.

Basketball Laval
Éric Denis, Arusha Nadarajah et David Asselin

Le basketball comme outil de prévention

Basket dans ton quartier a vu le jour en 2020-2021, à la suite d’une recrudescence de violence armée, impliquant souvent des jeunes, dans le secteur Chomedey. David Asselin, conseiller en promotion-prévention populationnelle à la Direction de la santé publique de Laval, explique comment des partenaires de divers horizons se sont mobilisés pour trouver des moyens d’occuper les jeunes dans les parcs. « Une personne qui a fait une grande différence, c’est Éric Denis, le directeur de l’Association de basketball de Laval », souligne-t-il.

Éric Denis a proposé un projet qui visait à former des jeunes pour animer des joutes de basketball dans leur secteur. C’est ainsi que Basket dans ton quartier a vu le jour. Ce concept s’inspire de l’histoire personnelle de Denis, qui s’est découvert une passion pour le basketball à 14 ans, trop tard pour espérer intégrer une équipe compétitive. Il a donc commencé à œuvrer comme entraîneur pour le grand public, dans le secteur Saint-François-de-Laval. « C’est à partir de là, se souvient-il, que j’ai eu envie de transmettre ma passion aux jeunes. » Invité à mettre sur pied un programme de basketball dans une école secondaire, il a réalisé à quel point il aimait ce rôle d’entraîneur et de mentor, et a opté pour une carrière d’enseignant d’anglais. Il est depuis peu directeur adjoint de l’école Curé-Antoine-Labelle.

Entretemps, Éric Denis est aussi devenu directeur de l’Association de basketball de Laval, où il a mis sur pied Basket pour tous, un programme permettant aux jeunes de 5 à 16 ans de pratiquer leur sport dans une visée récréative. Au fil des ans, il a observé que certains joueurs faisaient « de mauvais choix » en vieillissant. «  Ça n’allait pas bien à l’école, ils ne pouvaient pas continuer au cégep et poursuivre leurs études. Ils n’avaient pas de plan B. Je me suis dit que coacher pourrait leur permettre de s’adonner à leur passion. » Et possiblement de se découvrir une vocation tout comme lui, qui sait ?

basketball laval

Le milieu sociocommunautaire se mobilise

Pour mettre le programme en branle, la Direction de la santé publique, le Centre de services scolaire de Laval et la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier ont travaillé de concert avec l’Association de basketball de Laval.

Avec le temps, le programme a aussi développé une belle collaboration avec les ressources sociocommunautaires du secteur. Le Service de police de Laval organise des matchs amicaux avec les jeunes et en profite pour démystifier son travail. Les travailleur·euses de rue passent faire un tour à l’occasion. Pour sa part, la table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie (TIR-SHV) de la région, Laval unie pour ses familles, a offert un financement à l’Association de basketball de Laval pour qu’elle déploie le projet à plus grande échelle.

« La TIR-SHV s’est beaucoup impliquée. Nous avons fait plus que mandater, donner des fonds et faire une reddition de comptes. Nous avons aidé au recrutement, à la promotion, nous sommes allés sur le terrain », souligne David Asselin. Partie prenante de la Direction de la santé publique, la TIR-SHV de Laval a pu mettre à profit ses liens privilégiés avec le milieu, notamment pour trouver des animateur·rices.

Basket dans ton quartier

Former des leaders positifs au sein de la communauté

Une formation d’entraîneur a été créée, mettant de l’avant une discipline calquée sur celle qu’on trouve dans la culture du basketball. On explique aux jeunes comment ils seront vus par les autres, comment se présenter. Ils apprennent des techniques sportives qu’ils pourront à leur tour transmettre. On leur apprend aussi comment animer un groupe, mettre de l’avant leur leadership. Les compétences sociales, comme la résolution de conflits, sont également abordées. Les jeunes ne sont toutefois pas responsables d’assurer l’ordre dans les parcs, des moniteur·rices surveillant·es étant généralement sur place.

Pendant tout l’été, les jeunes se présentent donc dans les parcs, en équipe de deux, et proposent des activités à celles et ceux qui le souhaitent. « On organise une petite pratique, ou on anime leurs parties, explique Arusha. Parfois, on met de la musique pour avoir de l’ambiance ! »

Cette occasion de développer un leadership positif est offerte en priorité à des jeunes vulnérables, issus des écoles ou des centres jeunesse du coin. « Nous ciblons d’abord des jeunes qui ont besoin d’une motivation, en partant de quelque chose qu’ils aiment déjà. Ou ce sont d’anciens joueurs qui ont pris une route qu’ils n’auraient pas dû prendre, explique Éric Denis. Mais si quelqu’un va bien et se montre intéressé, on ne va pas lui dire non ! » Avant tout, ces jeunes doivent avoir envie de s’engager dans leur communauté. Leur participation est essentiellement bénévole, mais une petite compensation financière leur est remise à la fin de l’été.

basketball laval

Quand sport et impact social vont de pair

Le projet présente plusieurs atouts, à commencer par la pacification de l’ambiance dans les parcs. « Quand rien ne se passe, que les jeunes sont laissés à eux-mêmes, c’est là que des idées nuisibles se présentent, explique Éric Denis. Quand c’est organisé, ça change l’environnement. Le mouvement attire les gens, les détourne d’autre chose. »

Miser sur le sport est gagnant! Les techniques de jeu qui sont offertes gratuitement par ces coachs sont bien appréciées, surtout par celles et ceux qui n’ont pas l’occasion de suivre des cours ou de jouer dans une ligue plus organisée.

L’impact positif sur les coachs est tout aussi évident. Âgés de 15 à 18 ans, passionnés de basketball, ils font œuvre utile dans leur milieu, où ils sont connus. « On leur explique qu’ils sont plus que des entraîneurs de basket, ils sont comme des agents dans leur communauté. Les jeunes viennent souvent les consulter. Ils peuvent aider. » Des jeunes leur racontent des choses qui se passent à la maison, dans la rue… « Ils nous voient comme des amis », raconte Arusha.

Ces jeunes leaders deviennent des modèles et en retirent une certaine valorisation, souligne Éric Denis. « Pour certains, ça confirme un choix de carrière. » C’est d’ailleurs le cas d’Arusha, qui a opté pour des études en éducation spécialisée. « Avoir un impact sur quelqu’un, explique-t-elle, ça me fait chaud au cœur. » Elle en retire aussi une plus grande confiance en elle : « Ça m’a prouvé que, si j’y mets l’effort, je suis capable de faire ce que je veux. »

Le programme permet d’acquérir de la maturité et de l’expérience. À la fin de l’été, celles et ceux qui le souhaitent peuvent intégrer l’équipe d’entraîneur·euses de l’Association de basketball de Laval.

Une initiative sociale et sportive en plein essor

Éric Denis aimerait faire passer le nombre d’entraîneur·euses de 15 à 25, et le nombre de parcs, de 7 à 12. Le recrutement va bon train, notamment grâce à l’œil avisé des jeunes déjà formés, qui savent repérer celles et ceux qui pourraient profiter de cette occasion.

Si le basketball se prête particulièrement bien à un tel programme, c’est parce qu’il s’agit d’un sport facile à apprivoiser et peu coûteux, souligne-t-il. Le soccer, qui présente sensiblement les mêmes atouts, pourrait être propice au développement d’un programme semblable, pour rejoindre d’autres jeunes. Bref, une initiative qui n’a pas fini de rebondir !

Communauté

Vous avez aimé l’article?

En quelques clics, joignez notre communauté et obtenez le meilleur de 100º grâce à des ressources personnalisées.

Créer mon profil
DEVENEZ AMBASSADEUR ET FAITES BRILLER LES PROJETS DE DEMAIN