Santé et société

Learning on the Land: apprendre de la nature

Learning on the Land: apprendre de la nature

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Former les leaders de demain en reconnectant les jeunes à leur territoire. Voilà l’objectif commun des projets novateurs, issus de trois nations autochtones, que nous vous présentons dans cette série d’articles.  Laissez-vous inspirer par ces belles initiatives, qui peuvent faire une différence !

En Gaspésie, le programme Learning on the Land éveille les jeunes de la nation Mi’gmaq aux apprentissages infinis que le territoire a à offrir.

En langue micmaque, netugulimg exprime un concept fondamental qui ressemble à celui, allochtone, du développement durable. « Il s’agit d’avoir recours à la générosité du territoire uniquement pour ce dont nous avons besoin, sans lui nuire », explique Paige Isaac, coordonnatrice culturelle pour les services éducatifs de la nation Mi’gmaq.

La plupart des nations autochtones ont aussi en commun le concept que les Mi’gmaqs nomment ms't nogma'q, qui exprime les interrelations qu’ont les humains entre eux, mais aussi, sur une base égalitaire, avec le territoire, ses animaux et ses végétaux. « Nous avons tous beaucoup à apprendre de cette interaction, poursuit Paige Isaac, en nous réappropriant nos savoirs. »

Il s’agit précisément de ce qui a inspiré le nouveau projet Learning on the Land (apprendre sur le territoire). Le financement disponible par l’intermédiaire du Secrétariat à la jeunesse a permis de mettre en route cette idée que la coordonnatrice mûrissait depuis un moment déjà.

La communauté mettait déjà l’accent sur les activités de plein air pour les jeunes, afin de les rapprocher du territoire, mais ce nouveau projet va plus loin en ajoutant un séjour de trois jours en nature, consacré au partage de pratiques et de savoirs traditionnels. « Certains jeunes ont grandi en passant beaucoup de temps sur le territoire, mais nous voulions donner aux autres la chance de créer ces liens. »

Groupe de jeunes coupant des légumes
© Learning on the Land

Écouter les enseignements du territoire

Apprendre à ralentir, à observer le territoire et à écouter ses enseignements, est au cœur du projet, explique la coordonnatrice. Des personnes aînées ont été invitées à partager comment elles-mêmes s’y appliquent. On espère aussi aider les jeunes à développer certaines valeurs comme le respect et le partage, et que ces savoirs leur servent à développer leur activisme, leur leadership, ou encore leurs propres enseignements.
 
Un site a été préparé par le service des ressources naturelles de la communauté. Cinq jeunes de 14 à 17 ans se sont présentés, dont Wasueg Nicholas, la plus âgée du groupe. La jeune femme participe déjà depuis quelques années aux activités de plein air organisées dans la communauté. Elle s’est donc jointe avec enthousiasme à ce nouveau projet.

Être là, apprendre des aînés, savoir que nous allions transmettre ces savoirs à notre tour, c’était un moment incroyable.

Wasueg Nicholas

Participante à l'initiative Learning on the land

Les trois jours ont été bien remplis, avec notamment des enseignements sur les plantes médicinales et les savoirs traditionnels, en compagnie de personnes adultes et aînées. La contribution de ces dernières était incontournable. Wasueg a été très émue par une activité musicale en compagnie de Roseann, une aînée de la communauté. « Nous pouvions sentir la présence des esprits, ils étaient là, comme s’ils étaient vivants. Les traditions reprenaient vie. Être là, apprendre des aînés, savoir que nous allions transmettre ces savoirs à notre tour, c’était un moment incroyable. »

Parmi les activités organisées, elle a aussi beaucoup aimé celle centrée sur l’orignal, un animal très important dans la culture micmaque. Les jeunes ont appris à le dépecer, à utiliser sa chair pour fabriquer de la saucisse, à la faire cuire sur le feu, mais également à dire une prière pour exprimer sa reconnaissance envers la bête qui a été chassée.

morceau de plante dans une main
© Learning on the Land

Renforcer les liens avec le territoire et la communauté

Comme bien des jeunes partout dans le monde, les adolescent·e·s mi’gmaqs sont sensibles à la crise climatique. Le programme Learning on the Land leur a apporté une nouvelle perspective sur ces enjeux. En apprenant à mieux connaître la forêt, ils ont pris conscience des mutations en cours. Un simple changement dans un écosystème peut avoir d’importantes répercussions, explique Paige Isaac, qui souligne que les adultes ont aussi la chance d’apprendre des jeunes à travers ces rencontres.

Wasueg est elle-même très active dans le mouvement de lutte contre les changements climatiques. « Quand tu es dans la forêt, c’est comme si un déclic se faisait. Alors que bien souvent, tu te bats pour sauver la planète parce que c’est la bonne chose à faire, là, tu te dis : c’est pour ça que je me bats, pour cet air pur, pour ces animaux, pour protéger notre habitat à tous. »
 
Renforcer les liens communautaires fait aussi partie des objectifs du programme, entre les générations, mais aussi entre les jeunes eux-mêmes. En voyant arriver les autres personnes participantes, qu’elle savait plutôt turbulentes, Wasueg ne s’attendait pas à créer des liens avec eux. Or, à sa grande surprise, elle a beaucoup apprécié leur compagnie. « Ça m’a appris qu’il ne faut pas juger trop vite. À la fin de l’activité, je leur ai dit : "Les gars, continuez à participer aux activités avec Paige, et convainquez les plus jeunes de venir aussi." »
 
C’est aussi ce qu’espère Paige Isaac : « Nous aimerions faire de ce programme une tradition, l’intégrer au curriculum scolaire, et l’utiliser pour développer le leadership des jeunes en les amenant à concevoir des activités à leur tour. » Elle aimerait aussi, la prochaine fois, initier les jeunes au rôle traditionnel de « passeur ». À tour de rôle, ils auraient à résumer les apprentissages et à les transmettre aux autres.
 
Wasueg, qui projette d’étudier le droit des Autochtones, en ressort plus motivée que jamais à découvrir tout ce que la nature peut enseigner, que ce soit la survie en forêt, les plantes médicinales, ou les cycles de vie des animaux. « Je crois que le territoire a constamment des choses à nous apprendre. »

*** Pour découvrir d’autres projets inspirants mis sur pied par ou pour les jeunes des nations autochtones, consultez nos récits numériques sur le site de Radio-Canada, qui rassemblent de belles histoires sous forme d’articles, de vidéos et de balados.  

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