Sport et loisirs

Sport et plein air auprès des jeunes: l’importance de miser sur le lien social

Sport et plein air auprès des jeunes: l’importance de miser sur le lien social

Vous travaillez auprès des jeunes et vous souhaitez leur transmettre votre passion pour le sport ou le plein air ? Par votre action, savez-vous qu’en plus de leur offrir le plaisir de découvrir de nouveaux défis ou territoires, et d’expérimenter les joies du corps en mouvement, vous leur transmettez un autre précieux cadeau ? Lequel ? Vous créez du lien social, prémisse à la découverte de soi, des autres et de son environnement.

Au-delà de toutes les considérations pratiques que requière l’organisation d’activités de sport et de plein air, l’envie de socialiser des jeunes est l’un des principaux leviers de motivation à la participation, comme en témoigne une recherche scientifique portant sur des programmes de sport et de plein air1.

Mes nombreuses années de pratique, ajoutées aux recherches-actions menées par mon complice Nicolas Moreau2, nous ont permis d’identifier les différentes postures que vous pourriez adopter pour favoriser le lien social et ainsi, le développement global des jeunes.

(Petite précision lexicale : ici le mot, « posture » renvoie principalement à vos comportements et vos attitudes).

jeunes en plein air

1- Proposez des activités atypiques pour créer du lien social : la posture du leader

Vous voulez organiser une activité qui interpellera un maximum de jeunes, et non pas seulement les sportifs et les « mordus » de plein air ou les « déjà convaincus » ? Faites-les rêver et miser sur l’expérience de groupe !

  • Le rêve : Proposez aux jeunes des activités qui font appel à l’imaginaire tel qu’une partie de ultimate frisbee sur une rivière gelée, un match de soccer avec les joueurs attachés par une corde deux par deux, ou encore l’ascension d’un mont une nuit de pleine lune, tous attachés par une corde. Cet appel à l’imaginaire, réalisable également dans un contexte de sport organisé, transformera l’activité en aventure et donnera le goût aux jeunes de revenir pour découvrir votre prochaine trouvaille.
  • L’expérience de groupe. Privilégiez des situations où les jeunes vont devoir s’entraider et interagir entre eux pour répondre aux défis que vous leur présentez. L’idée ici est de travailler sur la mixité, le lien à l’autre et le sentiment d’appartenance. Reprenons l’exemple de l’ascension d’un mont une nuit de pleine lune où tous les jeunes sont attachés par une même corde. Pour parvenir au sommet, chaque membre de l’équipe devra tenir compte de la vitesse de chacun, ainsi que des difficultés rencontrées par les uns et les autres. Certains réaliseront qu’ils ne seraient pas parvenus au sommet sans l’appui du groupe. Quant à ceux qui se sentent plus à l’aise, ils n’auraient certainement pas entrepris cette aventure seule et de façon spontanée !

2- Gérer le lien par la mise en place de balises : la posture du maître d’œuvre

Cette posture préservera votre intention de créer du lien social tout en répondant à l’impératif de structurer l’activité. Ça commence par :

  • La planification. Penser aux règles du jeu et à son déroulement, ça, nous savons faire ! Mais pour revenir à notre objectif de créer du lien social, quels sont les ingrédients dans votre activité qui vont le favoriser ? Pensez à donner un thème psychosocial3 à votre séance de sport ou de plein air. C’est là-dessus que vous mettrez l’accent lors de vos animations. Exemple : le thème de l’interdépendance, celui des leaderships multiples, la confiance au groupe, etc.
  • L’organisation du cadre. Il définira les limites et valeurs avec lesquelles vous souhaitez fonctionner : ne pas manquer de pratique, toujours serrer la main pour dire « bonjour », ne pas crier après quelqu’un qui a manqué son coup, etc. Pour ma part, dans des projets à long terme, je vais jusqu’à faire signer des contrats d’engagement (voir un exemple ici).

sport pour les jeunes

3- Ancrer le lien social au monde adulte : La posture du passeur

Cette posture s’appuie sur trois principes ;

  •  La reconnaissance du potentiel des jeunes. Ce principe est complexe, car il postule que les jeunes souhaitent que nous soyons exigeants avec eux ! Faire preuve d’exigence signifie, dans ce contexte, de leur demander de donner leur maximum. On ne parle pas ici de faire 2000 push-up ou de courir un 10 km en 40 minutes ! Non, il s’agit de s’engager pleinement, physiquement, psychologiquement et socialement sans critère de réussite autre que celui d’être satisfait de son investissement en fin d’activité. En faisant preuve d’exigence, nous démontrons aux jeunes que nous croyons en eux et que nous pensons qu’ils peuvent y arriver.
  • Le lien égalitaire. La création d’un lien d’égalité implique de se placer au niveau des jeunes et de les considérer comme des adultes en devenir. Un tel lien légitimera l’espace laissé au groupe afin qu’ils puissent influencer le déroulement des activités et l’aider ainsi à développer son autonomie. Comme intervenant, sans rien enlever à nos responsabilités c’est une forme de « lâcher-prise », mais je crois fortement que nous sommes là principalement pour accompagner le passage de l’enfance à l’adulte.
  • Les interactions positives. Oui aux encouragements et aux retours positifs… s’ils sont parcimonieux et sincères. Sinon, vous perdrez toute crédibilité. À la valorisation régulière des jeunes, n’hésitez pas à marquer la réussite par un rite. Que ce soit en célébrant avec un chocolat chaud à une terrasse d’un café, en serrant la main et en félicitant les jeunes un à un, ou en leur remettant un diplôme maison, peu importe : un petit geste qui n’est pas fait à toutes les occasions soulignera le caractère spécial du moment et la profondeur de la réussite.

 

4- Incarner le lien social par son adhésion aux valeurs : la posture de modèle

Cette posture viendra donner de la cohérence à votre action. Elle est exigeante, car elle demande de l’engagement de votre part.

  • L’engagement physique. Oui ! Les jeunes adorent nous voir jouer avec eux ! Avec nos forces, mais aussi nos faiblesses ! Cet engagement physique crée une promiscuité et démontre que nous faisons aussi ce que nous demandons aux jeunes de faire. Ainsi, nous agissons en cohérence avec nos paroles, tout en acceptant de nous mettre en position de vulnérabilité assumée (d’origine française, le jour où j’ai organisé un hockey cosom, les jeunes ont vite compris mes limites techniques !)
  • L’engagement psychologique. L’exercice est délicat ! Nous parlions plus haut de créer un lien égalitaire. Votre engagement psychologique y contribuera grandement. Il faut montrer l’exemple et ça passe aussi par le partage de vos difficultés notamment. Par exemple, vous pourriez parler de votre crainte de ne pas avoir les compétences pour jouer au hockey cosom ou d’avoir peur de faire du camping d’hiver. Lorsqu’un jeune constate qu’un adulte leur fait suffisamment confiance pour leur parler aussi franchement, cela crée un lien fort et devient une grande source d’inspiration.
  • L’engagement social. Cette forme d’engagement peut s’exprimer par le fait de nous rendre disponibles pour des moments en groupe en dehors des temps d’activité. Ces moments sont particulièrement importants, car ils démontrent une disponibilité au-delà de la pratique et envoient aux jeunes le message qu’ils existent pour ce qu’ils sont et non pas seulement pour ce qu’ils font dans le cadre sportif ou de plein air.

Prêt à tenter le coup?

Je n’ai rien inventé dans ce texte ! Tous les éléments mis de l’avant proviennent d’entrevues faites avec des jeunes dans le cadre de programme de sport et plein air. Ces jeunes m’ont fait prendre conscience de l’importance du lien social comme fondation à un développement global auquel la confiance, l’estime de soi, l’interrelation, les saines habitudes de vie, etc., sont étroitement liés. Expérimentez ces postures et ces principes par vous-mêmes ! Vous m’en donnerez des nouvelles !

1 Motivational factors for youth recruitment in voluntary interventions: the case of a community sport program, Sport, education and Society, Catherine Plante et Al, ( 2015).
2 Nicolas Moreau, professeur à l’École de travail social de l’Université d’Ottawa
3 Dans ce contexte, « psychosocial » renvoie au développement psychologique et social du jeune dans une perspective d’interaction constructive avec le milieu dans lequel il vit.

Ce sujet vous intéresse ?

Vous travaillez auprès des jeunes et vous souhaitez enrichir votre pratique dans les secteurs du développement social, du sport et du plein air ? Renseignez-vous sur la formation Éductraineur en contactant Luk Parlavecchio.

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