Dans plusieurs villes américaines, la trottinette électrique s’est si rapidement imposée, comme mode de transport, qu’elle est en voie de radicalement modifier le visage de la mobilité urbaine, en plus de susciter l’intérêt croissant des investisseurs.
La popularité de la trottinette électrique s’inscrit dans une tendance appelée « micromobilité». Et signe qui ne trompe pas, la micromobilité attire, depuis 2017, des adeptes de partout à travers le monde qui se rassemblent désormais dans le cadre de Conférences internationales. Par micromobilité, on entend tous les dispositifs électriques capables de transporter des personnes en remplacement de l’automobile. Le phénomène a commencé avec les vélos à assistance électrique, suivis par les trottinettes électriques, les planches à roulettes motorisées, les gyropodes sans guidons, les unicycles électriques, etc.
Cette véritable explosion de transporteurs personnels à batterie repose sur deux avancées technologiques : des moteurs électriques toujours plus puissants et plus petits, ainsi que des batteries aussi légères que durables. Et la vitesse à laquelle les gens adoptent ces petits véhicules est si phénoménale, notamment en ce qui concerne les trottinettes électriques, qu’il n’est pas exagéré de parler de technologie disruptive.
Des perspectives mirobolantes
Si certains critiques prédisent à la trottinette électrique un sort semblable à celui de la bulle des vélos chinois, d’autres misent plutôt sur une croissance exponentielle du marché. Selon la très sérieuse firme McKensey&Company, le marché de la micromobilité (États-Unis, Europe et Chine) devrait s’élever à quelque 500 milliards de dollars d’ici 2030. En effet, selon ces économistes, la micromobilité peut aisément se substituer à l’automobile pour des trajets de moins de 8 km. Or, cela représente plus de 60 % des déplacements en automobile. Et c’est sans oublier les navetteurs susceptibles de recourir à la microbilité pour couvrir le premier et le dernier kilomètre.
Un potentiel énorme donc, mais que les auteurs de l’étude ont préféré estimer de manière conservatrice. À leur avis, les petits véhicules ne seront capables que de cannibaliser environ 8 à 15 % du marché théorique. Tout de même, cela laisse espérer des occasions d’affaires considérables qui vont inévitablement attirer les investisseurs, entraîner de la recherche et du développement, et certainement bonifier l’offre de transport.
Un petit bémol
Si, sur papier, la trottinette semble avoir tout pour elle, il n’en demeure pas moins que sa présence sur les routes et les espaces publics soulève de nombreuses questions. Notamment en matière de sécurité. Aux États-Unis, par exemple, les utilisateurs de trottinettes électriques roulent à leurs risques et périls. Ils ne sont pas assurés et les compagnies de location prennent bien soin, dans leurs contrats, de se mettre à l’abri de toute poursuite. De leur côté, les compagnies d’assurances se montrent encore frileuses puisque, le phénomène étant très récent, il n’existe pas, pour le moment, assez de données pour calculer les risques. Comme pour toute ruée vers l’or, c’est un peu le Farwest.
Bref, la micromobilité, bien qu’elle soit en pleine émergence, et même en pleine effervescence, devra surmonter de nombreux défis avant d’offrir une option viable de remplacement à l’automobile. Surtout que les artères des villes nord-américaines n’ont été conçues que pour les voitures et qu’elles ne sont sécuritaires pour aucun usager, sauf les automobilistes. À l’évidence, un meilleur partage de la rue et des aménagements qui protègent à la fois les piétons, les cyclistes et les utilisateurs de petits véhicules sera essentiel à l’essor de la micromobilité.
Ici, au Québec
En septembre dernier, la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) lançait, en toute discrétion, un projet pilote, d’une durée de 3 ans pour encadrer l’utilisation des trottinettes électriques sur la chaussée. Bien entendu, à certaines conditions. Les conducteurs, tenus d’avoir 18 ans et plus, devront, entre autres, suivre une formation des fabricants ou des distributeurs participants et ne circuler que sur des routes où la vitesse permise est de 50 km/h ou moins. Ils devront porter un casque de protection et leur trottinette, qui ne pourra dépasser les 32 km/h, devra être équipée de feux de signalisation pour indiquer l’intention d’effectuer des virages. Enfin, les trottinettes motorisées, qui demeurent soumises aux règlements applicables aux bicyclettes, pourront circuler sur les voies cyclables lorsque la signalisation l’autorise. À suivre…