Cet article appartient au dossier
La plupart du temps, les enfants déclarent ne pas aimer les légumes. Mais si vous les questionnez davantage, ils vous diront candidement qu’ils aiment la carotte, les tomates, le maïs, ou la salade… Et fort probablement qu’il ne sera pas difficile de trouver 5 à 10 légumes aimés par chaque enfant.
Il est néanmoins reconnu que les légumes sont, avec le poisson, la catégorie d’aliments la moins aimée des enfants. Il est également communément admis qu’une faible consommation de fruits et de légumes représente un facteur de mortalité précoce1, précédée de maladies chroniques non transmissibles, comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires. Il semble donc important de proposer des solutions pour que les enfants aient plus envie de consommer radis, concombres et petits pois ! Rendre accessible un aliment à un enfant n’est pas seulement une question de logistique, ou de prix, c’est aussi une question de disponibilité dans la palette de son choix, une question de désirabilité.
Aider les enfants à apprivoiser les légumes
L’information de type nutritionnel qu’ils ont reçue par l’intermédiaire de l’école ou bien lors d’activités extra scolaires, est bien retenue par les enfants. Ils sont capables de dire qu’il est important pour la santé de manger des légumes, et peuvent parfois en citer les nutriments d’intérêt. En revanche, ils sont peu nombreux à passer à l’action et à en consommer au niveau des recommandations. Les promesses nutritionnelles d’une alimentation qui privilégie la consommation de légumes se positionnent sur le long terme : réduction de risque de cancers ou de maladies cardiovasculaires par exemple. Des horizons de temps bien lointains pour des enfants !
En revanche, la familiarisation avec les aliments porte plus volontiers ses fruits ! La connaissance des aliments procède de l’apprentissage, et ce dès le plus jeune âge. Des études montrent que plus le répertoire alimentaire de l’enfant est diversifié, plus il a été exposé à des aliments différents pendant sa petite enfance, avant la période de néophobie, c’est-à-dire la crainte de consommer des aliments nouveaux, qui se déroule en général entre l’âge de 3 ans et l’âge de 7 à 8 ans, et plus il aura de goût à consommer des aliments variés à l’âge adulte : un atout pour combattre les problèmes de santé publique liés à l’alimentation. Ces études permettent également de comprendre qu’il est possible de faire augmenter l’appréciation et la consommation des légumes par d’autres processus de familiarisation.
Parmi les processus de familiarisation qui ont été mis en œuvre et testés, la plupart proposent un aspect ludique :
Des activités pour aider les enfants à mieux comprendre les végétaux
Le développement de la connaissance de la plante :
Au-travers des jeux simples, comme le coloriage, les mots croisés, des collages ou des quizz. En effet, il est souvent difficile pour un enfant de faire le lien entre le légume qu’il a dans son assiette et la plante dont il est issu. Ces jeux qui peuvent sembler éloignés de l’acte alimentaire ont l’avantage de permettre de s’approprier le sujet selon l’angle que souhaite l’éducateur. Ce sont des outils ressources qui s’adaptent aux programmes que chacun a pour ambition de déployer, par leur caractère multidisciplinaire. Quelques exemples sont proposés ici par la Fondation Louis Bonduelle.
La participation à des ateliers cuisine
Les ateliers de cuisine existent sous de nombreuses formes, intégrant plus ou moins les étapes amont et aval de l’acte culinaire. Le fait de faire le marché ou de récolter les légumes dans un jardin potager avant de cuisiner a un effet positif sur l’atelier-cuisine, car comme expliqué plus haut, il permet à l’enfant de faire le lien entre la plante et l’aliment.2
En aval, il est bien sûr souhaitable de pouvoir consommer les aliments qui ont été cuisinés, mais au-delà de la dégustation, la sensibilisation au gaspillage alimentaire peut se faire en proposant de mettre en place un compostage, et faire comprendre les cycles de la nature. Une récente initiative à Montréal : « C’est moi le chef ! »
La participation à des ateliers de jardinage a également montré des effets positifs, mais essentiellement sur les enfants peu néophobes.
Au-delà des discours d’intention, c’est l’accompagnement du passage à l’acte alimentaire, à travers des ateliers accessibles et adaptés aux enfants que l’on encourage à la consommation de légumes, pour que les enfants d’aujourd’hui deviennent les adultes en pleine santé de demain !
Laurence Depezay
Nutritionniste, membre du Conseil d'Administration
Fondation Louis Bonduelle