Alors que se tenait à l’ONU le Sommet Action Climat, à l’occasion duquel Greta Thunberg dénonçait l’inaction des dirigeants de la planète, il est devenu évident que la qualité de nos environnements influence de manière déterminante notre santé. Et malgré l’inertie de certains de nos politiciens, de nombreux acteurs de la société civile multiplient les actions en faveur d’un changement durable.
Le discours que tient avec dignité une Greta Thunberg illustre bien le dilemme que représente le maintien du développement durable. Comment répondre aux besoins actuels des populations sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ? Une question, voire…, une remise en question qui se pose depuis seulement la fin des années 1980. Et qui nous oblige à repenser la place qu’occupe l’humain, non seulement sur la planète, mais dans nos propres environnements bâtis.
Cette réflexion n’est d’ailleurs pas étrangère à l’apparition du concept de mobilité durable. Or, l’expression, d’abord apparue dans la foulée des crises énergétiques et de la menace des changements climatiques, englobe désormais la notion de transport actif. Car, avec le temps, il est apparu évident que le modèle du tout-à-l’auto n’était plus viable à long terme, mais que, en plus, il nuisait à la santé humaine. Notamment parce que l’automobile conduit à la sédentarité.
Réimaginer la ville
Voilà un changement de paradigme majeur ! D’ailleurs, depuis quelques décennies, les gens réclament des quartiers à échelle humaine, dans lesquels leurs enfants peuvent jouer librement, où ils peuvent marcher, faire du vélo. Ils veulent plus de parcs, moins de stationnements. Ils demandent plus d’options de transports collectifs en remplacement de l’auto solo. Ils militent pour plus d’infrastructures marchables et cyclables.
Le fait de remettre la voiture à sa juste place, comme le font de plus en plus de villes dans le monde, a entre autres permis aux citadins de développer de nouveaux rapports d’appartenance avec leurs milieux de vie. Une tendance qui se traduit par une participation citoyenne toujours plus imaginative et active. On assiste ainsi à une véritable réappropriation des espaces publics qui deviennent collaboratifs, à une redéfinition du tissu social qui devient davantage inclusif et intergénérationnel.
Désormais, le succès d’une ville peut même se mesurer en vertu de l’indice du popsicle. Si un enfant de 8 ans peut aller s’acheter un popsicle (mais préférablement un fruit!) et revenir tout seul à la maison, cela signifie que le tissu urbain de son quartier est à échelle humaine. Et que, un aîné pourra lui aussi déambuler en toute sécurité dans cette ville faite pour tous.
Bénéfice nature
Un changement de paradigme, donc, qui repose pour une bonne part sur le retour en force de la nature en ville. L’agriculture urbaine n’a jamais créé autant d’adeptes que maintenant, ni généré d’idées plus astucieuses. Toits verts, agriculture verticale, forêts nourricières, aquaponie représentent quelques-unes de ces initiatives qui renforcent à la fois la sécurité alimentaire, ainsi que le sentiment d’appartenance à la communauté, mais qui contribuent aussi à rétablir une partie de la biodiversité.
À ce chapitre, on commence enfin à mesurer tous les avantages que l’on peut retirer des espaces verts. D’abord en matière de santé physique, car ce sont des endroits propices pour bouger et être actifs, mais aussi au chapitre de la santé mentale. La fréquentation des parcs est même devenue un droit pour les enfants. C’est ce que prône la Déclaration de Parme selon laquelle les autorités publiques s’engagent à « garantir à chaque enfant, d’ici 2020, l’accès… à des espaces verts où ils peuvent jouer et s’adonner à des activités physiques. »
Et dans un contexte de changements climatiques, les espaces verts nous rendent aussi des services écologiques appelés à devenir encore plus précieux. Ils améliorent la qualité de l’air, protègent des UV et de la chaleur, facilitent la gestion des eaux pluviales, favorisent la biodiversité et permettent la captation du carbone pour lutter contre les gaz à effet de serre. L’INSPQ a ainsi calculé que l’ensemble de ces services écosystémiques, combinés aux économies réalisées en matière de soin de santé établirait la valeur monétaire d’un hectare de verdure à 31 696 $ US par année ! Une valeur qui risque de fortement s’apprécier dans les décennies à venir…
Retour sur l’investissement
Toutes ces initiatives qui permettent d’offrir des environnements favorables à la santé et à la biodiversité ont ceci en commun d’offrir un excellent retour sur l’investissement. On l’a vu en ce qui concerne les parcs. Or, le même principe vaut pour les quartiers marchables et cyclables qui accroissent la valeur foncière des propriétés voisines. Et sans oublier les commerces de proximité qui, profitant d’un achalandage accru, font de meilleures affaires.
On le constate : la santé environnementale est indissociable de la santé humaine. Mieux encore, elle est économiquement viable et durable !
Et surtout, rappelons-nous, pour faire image, que les parcs que nous aimons fréquenter, avec leurs grands arbres matures, ont été aménagés il y a des décennies de cela. C’est un legs dont nous profitons aujourd’hui, mais qu’il faut aussi veiller à transmettre à la génération de Greta Thunberg et à toutes celles qui lui succéderont.