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Tout au long de l’année scolaire 2016-2017, les élèves de l’école primaire Lajoie d’Outremont ont pris plaisir à pratiquer une activité physique individuelle d’intensité moyenne à élevée, pendant 20 minutes, avant de rentrer en classe. En quelques mois, les effets positifs sur la motivation et l’attention des élèves se sont fait sentir.
C’est le professeur d’éducation physique et à la santé de cette école, Jonathan Lambin-Dubois, qui est l’initiateur de ce projet innovateur et stimulant. « On nous demande d’inculquer de bonnes habitudes de vie aux enfants, de développer leurs habiletés motrices et de les faire bouger afin qu’ils soient plus concentrés en classe, explique-t-il, d’entrée de jeu. Mais on ne peut pas agir sur ces trois grandes orientations à raison de 90 minutes d’éducation physique par semaine !» Loin de jeter la serviette, Jonathan a décidé de s’impliquer pour changer les choses.
Jonathan Lambin-Dubois : « On a les études qui prouvent que l’activité physique favorise la réussite scolaire. Je trouvais qu’on n’en faisait pas assez. Alors, j’ai eu l’idée d’agir sans attendre que les choses changent. »
Un projet pilote à la grandeur de l’école
Convaincu des bienfaits de l’activité physique sur la performance scolaire, Jonathan a proposé à la direction de l’école de mettre en place un projet pilote pour inciter les élèves à bouger au moins 15 minutes dans leur classe, tous les matins. En mai 2016, pendant le mois de l’éducation physique, il a réalisé plusieurs capsules d’activités physiques variées qui ont été diffusées sur les tableaux blancs interactifs des classes. Parmi les activités réalisées, les élèves ont entre autres descendu et monté les marches des trois étages de l’école en compagnie de leurs enseignants.
Le projet pilote a alors été évalué avec la direction et les enseignants. Ces derniers étaient unanimes quant aux effets positifs des activités physiques sur le travail en classe. Ils ont toutefois proposé de faire bouger les élèves à l’heure du midi plutôt que le matin. « Lorsqu’ils arrivent à l’école, explique Jonathan Lambin-Dubois, les élèves ont bien dormi. Ils sont attentifs. Au retour du dîner, la concentration est plus difficile. » Les enseignants ont également suggéré que les activités se passent dehors plutôt que dans la classe.
Chaque jour, je bouge... une grande épopée dans la cour d’école
Fort de son succès du printemps précédent, Jonathan Lambin-Dubois a récidivé dès la rentrée 2016 en mettant sur pied le projet « Chaque jour, je bouge » avec l’aide de son collègue Benjamin Allan-Côté. À raison de deux fois par semaine, avant le retour en classe qui suit la période du dîner, les 540 élèves de l’école ont pris part à une activité physique individuelle d’intensité moyenne à élevée, pendant une vingtaine de minutes. Jogging, corde à sauter, exercices de conditionnement, yoga, zumba... « Tout ça dehors, même en hiver, précise Jonathan. Au départ, c’était deux jours par semaine. Les trois derniers mois, on est passé à trois jours par semaine tellement c’était positif. »
Question de maintenir la motivation, les élèves recevaient chaque mois une capsule vidéo divertissante pour les informer du prochain défi à relever. « Il y avait une grande aventure avec deux pirates, raconte Jonathan. Les élèves jouaient les moussaillons qui permettaient à la caravelle d’avancer et aux pirates d’accomplir leur mission, grâce à l’activité physique. » Ces derniers devaient ainsi sauter à la corde pour propulser le bateau de Rackam le jaune ou gagner les jeux mondiaux de la piraterie pour vaincre l’équipe du redoutable Kombucha.
Une école engagée dans la réussite de ses jeunes moussaillons
Selon Jonathan, un projet comme « Chaque jour, je bouge » qui a comme objectif de favoriser la réussite scolaire ne peut se faire sans l’implication de tous les enseignants et l’appui de la direction. Des fonds pour soutenir les initiatives visant à favoriser l’activité physique et les saines habitudes de vie ont entre autres permis l’engagement d’une équipe d’animateurs pour accompagner les élèves lors des activités dans la cour d’école. La Fondation de l’école Lajoie a de son côté permis l’achat de 250 cordes à danser, de dossards et de matériel de jeux.
Jonathan Lambin-Dubois : « C’est un projet-école dans lequel la direction, tous les enseignants et les élèves ont embarqué. Quand un jeune me demandait si c’était obligatoire, je lui répondais que ce n’était pas obligatoire, mais nécessaire. »
Ahoy ! En route vers l’an 2...
À la fin de l’année scolaire, les pirates et les moussaillons de l’école Lajoie sont finalement arrivés à bon port. Pier-Luc Denis, étudiant en éducation physique à l’Université de Sherbrooke, a alors eu l’idée d’évaluer la réussite du projet dans le cadre de son stage à l’école Lajoie. « Tous les élèves ont aimé les activités du projet, confirme-t-il. Mais surtout, ils se disaient plus motivés et avaient hâte de faire leurs apprentissages. » Même constat du côté des enseignants qui ont observé une meilleure capacité de concentration des élèves et les ont dit plus enclins à faire leurs travaux.
« Ça a créé un immense sentiment d’appartenance à l’école, ajoute Jonathan Lambin-Dubois. Beaucoup de jeunes se sont dépassés et ça a eu un effet d’entraînement sur tous les élèves. »
Jonathan Lambin-Dubois et la direction de l’école Lajoie sont déterminés à reprendre le projet à la rentrée 2017. « Le but ultime est de faire de l’activité physique tous les jours », souligne l’initiateur de « Chaque jour, je bouge » qui tient à préciser qu’un tel projet peut s’organiser dans toutes écoles. Il suffit de le vouloir et de passer à l’action !
Pour en savoir plus sur ce projet, consultez le site web de l'école Lajoie.