Nous avons eu de la grande visite dans la communauté 100°, le 6 avril dernier ! Les participants du parcours Impulsion ont eu la chance de passer une heure en compagnie de nulle autre que Laure Waridel. Un événement exclusif, présenté sous la forme d’une entrevue-causerie à laquelle les ambassadeurs 100° ont également eu la chance d’assister.
Figure enthousiaste et bienveillante du mouvement environnemental québécois, Laure Waridel est bien connue des Québécois depuis les années 1990. Ceux qui ont l’âge (comme moi !) de se souvenir de cette époque et qui s’inquiétaient déjà de l’avenir de la planète se rappelleront certainement cette période d’effervescence qui a suivi le Sommet de la Terre de Rio.
C’est dans la foulée de cet événement international, marquant pour le mouvement environnemental, que Laure et d’autres jeunes militants ont fondé l’organisme ASEED qui a plus tard pris le nom d’Équiterre, et qui est devenu une référence incontournable en matière d’environnement. Toutes des figures inconnues à l’époque, comme un certain Steven Guilbeault, qui avaient soif d’agir pour renverser la vapeur. « C’était un appel du cœur, je crois, pour chacun d’entre nous, se souvient Laure. On était tous étudiants. On était tous choqués par les inégalités sociales et par la dégradation de l’environnement. Nous avions tous un grand désir de dénoncer, mais aussi de proposer des solutions pour changer les choses concrètement. »
En avant les projets !
Avec le recul, force est de constater que les jeunes fondateurs d’Équiterre n’ont pas mis de temps à poser des actions concrètes et à générer une série de changements extrêmement positifs, notamment en créant le premier réseau québécois d’agriculture soutenue par la communauté qui s’inspirait d’un modèle déjà existant au Japon. « Il faut se remettre dans le contexte, rappelle Laure. Il y a 25 ans, à l’époque, on ne parlait à peu près pas de bio. Il y avait eu une époque, un peu avant, où quelques coops s’étaient développées. Mais on était dans un temps mort : il n’y avait pratiquement pas de fermes biologiques et seulement quelques épiceries spécialisées qui vendaient des légumes bios. Ce n’était vraiment pas commun comme aujourd’hui, alors c’était encore plus difficile d’avoir accès à de bons légumes bios et locaux. »
25 ans plus tard, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le mini-réseau fondé par Laure et ses complices de l’époque, qui comptait au départ 25 clients, dessert maintenant une clientèle de 28 000 personnes, selon les statistiques du Réseau des fermiers de famille, qui a succédé au projet d’agriculture soutenue par la communauté.
Impossible de rassembler ici tous les autres projets initiés par Laure et ses collaborateurs, non seulement chez Équiterre, mais aussi au sein d’autres organisations. Mais on se souviendra notamment qu’elle est la première au Québec à avoir popularisé le concept de commerce équitable, lors de la publication de ses premiers livres sur le sujet, Une cause café et L’envers de l’assiette. Et plus récemment, à peine quelques jours avant le début de la crise sanitaire, elle lançait le mouvement Mères au front avec Anaïs Barbeau-Lavalette et d’autres femmes, toutes indignées par l’inaction gouvernementale en matière d’environnement.
Les sources de l’engagement
Présentée en visioconférence, cette entrevue-causerie a également donné la possibilité à Laure de répondre à quelques questions du public, notamment sur son engagement, mais aussi sur sa vision de l’école du futur. Des échanges qui ont permis de confirmer à quel point la militante, aujourd’hui professeure associée à l’Université du Québec à Montréal, inspire encore de nombreuses personnes par son action environnementale. Mais elle, Laure Waridel, où trouve-t-elle son inspiration ? Et qui sont ses modèles d’engagement ?
Sans hésitation, Laure cite Martin Luther King: « You need a tough mind and a tender heart. » Pour Laure, cette phrase du grand défenseur des droits civiques est un véritable leitmotiv, qu’elle résume en français en deux mots : cœur et rigueur. « Devant l’adversité, j’essaie toujours de garder ça en tête : cœur et rigueur. Est-ce que je comprends bien les enjeux ? Est-ce que j’ai fait l’effort intellectuel pour développer une bonne vision de ce qui se passe, et après ça, est-ce que je suis capable de demeurer empathique envers les gens, même ceux avec qui je ne suis vraiment pas d’accord ? »
Parmi ses autres modèles d’engagement, Laure souligne les noms de Maude Barlow, militante canadienne pour de nombreuses causes environnementales et sociales, et celui de Vandana Shiva, écoféministe indienne très engagée pour l’environnement et la justice sociale. Mais elle dit aussi puiser régulièrement son inspiration autour d’elle, chez les gens qui lui sont proches, avec qui elle collabore ou qu’elle côtoie au quotidien. « Ce qui me touche beaucoup, ce qui m’inspire, ce sont les gens qui parviennent à jumeler le cœur et la rigueur, justement, car je trouve que ce sont des moteurs de changement importants. Des moteurs de changement qui sont bienveillants, même si, pour faire changer les choses, il faut aussi savoir foncer au moment opportun. »
Avis aux intéressés: cet événement n'est pas disponible pour rediffusion, mais il est toujours possible de visionner la conférence de Laure Waridel présentée par le comité 100°-Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2019, La transition, c'est maintenant ! Un autre bel événement rassembleur de la communauté 100°, aux couleurs de l'engagement et de l'innovation sociale !
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