Santé environnementale

Les microforêts: nouvelle tendance en verdissement urbain

Les microforêts: nouvelle tendance en verdissement urbain

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Soucieuses de veiller sur la santé de leur population et de l’environnement, un nombre toujours plus grand de municipalités redoublent d’efforts en matière de verdissement. Et parmi ces différentes initiatives, l’une d’elles, encore peu connue jusqu’à présent, commence à gagner du terrain : les microforêts. Notre nouveau collaborateur, Julien Hamelin-Lalonde, chargé de projet en chef chez Arbre-Évolution, nous explique, dans ce premier texte, les concepts à la base des microforêts et les nombreux bénéfices qu’entraîne leur implantation.

Jouant un rôle sur la scène québécoise de la foresterie urbaine depuis maintenant une décennie, la coopérative de solidarité Arbre-Évolution a été témoin d’un changement de paradigme dans notre gestion des espaces verts publics. À ce chapitre, l’aménagement des premières microforêts au Québec, que nous avons le privilège de réaliser en partenariat avec l’arrondissement de Rosemont–La-Petite-Patrie, au printemps 2021, représente pour nous un tournant significatif dans cette verdoyante transition. Cette stratégie de verdissement existe déjà depuis longtemps, ailleurs dans le monde, et tout indique qu’elle gagne à être connue et popularisée sur notre territoire.

Microforêts

La méthode Miyawaki : historique et concept

La microforêt est un concept élaboré par le botaniste japonais Akira Miyawaki dans les années 1970. S’efforçant de trouver une manière efficace pour mitiger les effets néfastes du déboisement et de l’étalement urbain dans le Japon de l’après-guerre, et considérant les écosystèmes forestiers comme un élément essentiel au bien-être des sociétés humaines, Akira Miyawaki imagina une méthode simple pour faciliter le verdissement des zones urbaines et périurbaines.  C’est ainsi que l’idée de la microforêt prit vie. 
 
Une microforêt peut être définie comme un aménagement forestier ultra-dense permettant d’accélérer l’établissement d’un boisé qui s’apparente à une forêt mature, et ce, généralement sur une superficie restreinte localisée dans un espace vert fortement perturbé par les activités humaines (souvent aménagée à partir d’une surface gazonnée). Pour ce faire, son design veut que la zone sélectionnée soit d’abord soumise à une préparation du terrain impliquant souvent un détourbage, un ameublissement du sol ainsi qu’un amendement. C’est seulement à la suite de ces opérations ayant pour but d’améliorer les conditions de croissance du site que la plantation pourra avoir lieu.
 
Quant à la sélection des essences à planter, M. Miyawaki propose de se fier à la végétation naturelle potentielle de la région. En d’autres mots, l’objectif est de choisir des espèces indigènes de fin de succession, c’est-à-dire les essences d’arbres qui se retrouveraient dans un peuplement forestier climacique local si la zone en question n’avait jamais été dénaturée par l’humain. C’est en optant pour ce type de végétaux, en préparant le terrain, et en visant une densité de plantation très élevée (en moyenne 3 plants par m2) que l’on peut atteindre des taux de croissance verticale significativement plus élevés que par les approches conventionnelles de reboisement.  

Microforêts

Cette stratégie permet ainsi de sauter les premiers stades de succession écologique d’une forêt et d’aménager de mini-écosystèmes riches en biodiversité qui seraient autrement très difficiles à recréer dans un contexte urbain. Une fois la mise en terre terminée, la dernière étape est de pailler la surface avec des copeaux de bois ou tout autre type de paillis biodégradable, et ce, afin de limiter la compétition par la strate herbacée et d’accentuer la rétention d’humidité dans le sol.
 
Une des particularités de la méthode Miyawaki repose sur son aspect communautaire. Depuis ses balbutiements, un de ses objectifs est de mobiliser des citoyens autour d’un projet concret en plein air. C’est donc dire que l’implantation des microforêts devrait se faire dans un contexte participatif, ce qui donne une occasion aux citadins de tisser des liens au sein de leur communauté, de se conscientiser face à des enjeux environnementaux, de favoriser la pérennité de la microforêt ainsi que de s’inspirer pour des projets dans la même veine

Microforêts

5 bénéfices de la microforêt en milieu urbain

En résumé, les avantages de cette technique sont nombreux, mais en voici cinq qui, selon nous, sortent du lot :

  • Lutte aux îlots de chaleur et amélioration de la qualité de l’air
  • Optimisation de la séquestration carbone sur une surface donnée
  • Augmentation de la disponibilité d’habitats pour la faune urbaine
  • Meilleur accès à la nature pour les citadins et renforcement du tissu social
  • Peu de besoins d’entretien (laisser la nature suivre son cours)
Microforêts

Gestion des parcs urbains au Québec : changer de vert

Au cours des dernières années, Arbre-Évolution a observé un engouement croissant de la part des municipalités pour des initiatives de verdissement en tous genres (p. ex. projets de reboisement, végétalisation de bandes riveraines élargies, aménagements comestibles). Cette transition se fait main dans la main avec la popularisation de la gestion différenciée des espaces verts publics dans le milieu municipal. Cette approche, prônée depuis peu, notamment dans plusieurs parcs sur l’île de Montréal, vise à appliquer différents traitements à l’intérieur d’un espace donné de manière à créer une mosaïque d’habitats, au lieu d’une surface homogène de pelouse entretenue et très pauvre en biodiversité. Son application se traduit souvent par l’arrêt complet de la tonte dans certaines zones d’un parc, ceci permettant à la nature de tranquillement reprendre sa place en laissant une friche s’y installer au bénéfice de la faune, particulièrement des oiseaux et des insectes pollinisateurs. 
 
Hormis des espaces en friche, les gestionnaires peuvent aussi viser à diversifier le paysage en conservant ou restaurant des zones boisées. Or, c’est considérant l’espace plus souvent qu’autrement très limité dans les villes que l’entrée en scène des microforêts prend tout son sens. C’est d’ailleurs dans l’arrondissement de Rosemont–La-Petite-Patrie, un quartier où la gestion différenciée a pris beaucoup d’ampleur dans les dernières années, que les deux premières microforêts montréalaises ont vu le jour au printemps 2021.

Microforêts
Parc Pélican

L’histoire à succès de Rosemont–La-Petite-Patrie

Bien que la méthode Miyawaki soit appliquée depuis déjà plusieurs décennies en Europe et ailleurs dans le monde, cette approche tardait à faire son apparition en sol québécois. Or, à l’hiver 2021, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a mis en branle un projet pilote qui visait à implanter deux microforêts sur son territoire : au parc Pélican et au parc Père-Marquette. Le projet a pris son envol rapidement, et ce, en partie grâce au Programme de Reboisement Social qui finance des projets municipaux de verdissement à forte vocation citoyenne à travers la belle province depuis près de 10 ans. 
 
C’est donc au mois de juin 2021 que les microforêts de Rosemont ont pris racine. Ayant lancé un appel aux citoyens, l’arrondissement a réussi à mobiliser une trentaine de personnes sur deux jours afin de planter un total de 1260 arbres de petit format. Il va sans dire que cet évènement fut un grand succès si on se fie à l’intérêt du public pour y participer.

Microforêts
Parc Père-Marquette

Comme il s’agit des premières microforêts aménagées à Montréal, il est difficile d’y comparer ses résultats avec des projets similaires. Or, les premiers suivis réalisés en juin 2022 indiquent déjà un taux de croissance significativement plus élevé que la majorité de nos plantations des dernières années. Il s’agit donc de signes très encourageants, même si l’on considère qu’il faudra plusieurs années avant de tirer des conclusions sur la pérennité et les bénéfices de ces aménagements. 

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Microforêt de Candiac

En fait, le succès de ce projet a été tel que l’arrondissement a décidé d’implanter, de manière autonome, deux nouvelles microforêts dans le parc du Père-Marquette dès le printemps 2022. Par ailleurs, ce scénario rosepatrien a fait des vagues et a motivé d’autres municipalités à emboîter le pas. En 2022, la Ville de Candiac et l’arrondissement d’Outremont ont décidé d’implanter à leur tour une première microforêt sur leurs territoires respectifs. Bref, l’histoire des microforêts québécoises reste encore à écrire, mais on peut déjà dire que ses premières pages sont de bon augure pour l’avenir des espaces verts de nos milieux urbains. Demeurez à l'affût pour connaître la suite ! 

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