Santé environnementale

Les visages de l’écoanxiété : encourager le pouvoir d’agir des jeunes

Les visages de l’écoanxiété : encourager le pouvoir d’agir des jeunes

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Le cœur de Justine se serre quand on parle d’espèces en voie de disparition. Eva devient mélancolique quand il pleut en janvier. La respiration de Mathis s’accélère quand il voit l’étendue des feux de forêt. Ces émotions sont normales et valides, insiste l’éducatrice en environnement Inês Lopes. Dans son livre Les visages de l’écoanxiété, elle propose aux jeunes de 15 à 19 ans une foule de stratégies afin de puiser dans l’écoanxiété un super carburant pour se lever le matin. Nous l’avons rencontrée.

 « Je souhaite valider et normaliser ce que ressentent les jeunes. Ils sont particulièrement nombreux à être écoanxieux, explique l’autrice qui est également militante pour Mères au front. Cette écoanxiété est associée à un mélange d’émotions, elle peut être souffrante et porteuse à la fois. Mais ils n’ont pas à porter seuls le poids de cette responsabilité qui doit être partagée. On doit les encourager à agir tout en leur montrant qu’on est là pour les soutenir. Malgré leurs inquiétudes, on veut qu’ils se nourrissent d’espoir et qu’ils soient dans l’action lorsque possible. »


Inês Lopes tente de répondre aux questions que se posent les jeunes, déjà très engagés ou hésitant à passer à l’action, en leur proposant des pages précises à consulter selon leurs préoccupations.

  • « Tu te demandes si c’est normal de ressentir de l’anxiété, de la colère, du découragement vis-à-vis les bouleversements écosociaux ? »
  • « Tu t’es engagé·e dans une ou des causes, mais voilà, tu es essoufflé·e, épuisé·e, tu n’oses pas prendre de pauses, mais tu sens que tu as besoin d’aide ? »
  • « Tu entends souvent dire que nous devons nous adapter aux changements climatiques en cours ou les atténuer. Mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? »
Écoanxiété

Trouver l’équilibre malgré l’écoanxiété

Pour s’engager sainement et efficacement, il est d’abord important de s’adapter à la crise environnementale, selon l’autrice. « Il s’agit de reconnaître la réalité, que les changements climatiques sont là, pour pouvoir les rééquilibrer, dans une optique de transition plus verte et plus juste », écrit-elle.

« S’adapter, c’est regarder les situations droit dans les yeux, conscient·es, tout autant des dérives qu’elles amènent que des occasions de changement qu’elles créent. »

Les visage de l’écoanxiété

On s’adapte en se tournant vers un soutien social, en optant pour la résolution de problèmes, l’autorégulation ou la réorganisation de sens. S’adapter et s’engager permet, note-t-elle, d’accroître le sentiment d’écocitoyenneté, de favoriser un sentiment d’autonomisation (empowerment) et de vivre plus d’expériences agréables.
 
Toutefois, quand on n’a pas le pouvoir de changer une situation, il est alors préférable de se tourner vers l’acceptation et le lâcher-prise. « Ce n’est pas de la résignation, au contraire. C’est tout simplement d’accepter nos limites. Quand on n’a pas le contrôle, ou qu’on a un contrôle limité ou qu’on en a déjà fait énormément, il peut être indiqué de prendre un pas de recul. Ce lâcher-prise peut être occasionnel, mais important pour ne pas s’oublier, prendre soin de nous, de notre santé mentale pour mieux durer dans l’action », exprime l’autrice. Comment ? En choisissant ses batailles, en se fixant des objectifs réalistes, en écoutant ses limites.

Écoanxiété

L’écoanxiété peut favoriser le pouvoir d’agir

L’écoanxiété peut devenir un levier de transformation sociale, un catalyseur de changement. Un pas à la fois, selon ses propres capacités. « Nos actions individuelles, cumulées les unes aux autres, finissent par avoir un poids. Elles peuvent aussi avoir un effet collectif et même entraîner des changements systémiques », écrit-elle.
 
Que peuvent faire les jeunes ? Inês Lopes dresse des listes d’actions individuelles (ex. manger moins de viande, écrire des textes ou reprendre contact avec la nature), collectives (ex.faire du bénévolat pour un organisme écosocial, créer un comité vert à l’école, signer des pétitions) et systémiques (comprendre les actions politiques, légales, urbaines, économiques, institutionnelles, industrielles, organisationnelles et sectorielles).
 
L’écoanxiété présente de multiples visages et l’engagement est variable. Inês Lopes avance que nous ne sommes pas toutes et tous « des ninjas de l’engagement. Elle écrit : « Chacun·e, nous avons notre parcours, notre réalité, notre vécu, nos motivations, nos connaissances, nos intérêts et nos possibilités qui peuvent changer au fil du temps ». Elle appelle à célébrer « les diversités d’identités, d’approches, […] de réalités, de points de vue, de solutions, de résiliences, de savoirs. Célébrons notre humanité commune. […] Continuons dans nos espoirs actifs, croyons en nous et en notre pouvoir d’agir. Nous sommes là. Ensemble. »

« Alors que nous sommes à la croisée des chemins, la « transition écologique doit s’opérer rapidement en faveur du vivant, écrit l’autrice, mais ces crises ne sont pas négatives. […] même si les crises comportent de réels problèmes, elles sont aussi un terreau fertile pour les occasions de changement, les solutions créatives, les regroupements solidaires et les réorientations nécessaires. »

Les visage de l’écoanxiété

 
Inês Lopes. Les visages de l’écoanxiété. Collection Radar. Écosociété. 152 pages.

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