Santé et société

Luci: une application personnalisée pour prévenir le déclin cognitif

Luci: une application personnalisée pour prévenir le déclin cognitif

Ressource

Les données scientifiques sont claires : un mode de vie sain a le potentiel de réduire le risque d’être atteint d’un trouble neurocognitif comme la maladie d’Alzheimer. Mais changer durablement ses habitudes de vie est tout un défi. L’équipe multidisciplinaire derrière l’application Luci innove pour lever ces obstacles en s’appuyant sur la science.

« L’application porte le nom de Luci en mémoire de ma grand-mère Lucie Chagnon, décédée en 2014 des suites de la maladie d’Alzheimer, explique Marc-André Chagnon, président de Lucilab. Mon grand-père, André Chagnon, m’a confié la mission de concevoir un outil qui aiderait les gens à réduire leur risque de souffrir de cette maladie en modifiant durablement leurs habitudes de vie. »


« L’Organisation mondiale de la Santé considère les troubles neurocognitifs comme une priorité de santé publique, indique Isabelle Lussier, directrice Recherche et Intervention chez Lucilab. Au Canada, les troubles neurocognitifs touchent près de 600 000 personnes, dont les deux tiers sont des femmes, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Notre objectif principal est de faire progresser les connaissances scientifiques en matière de prévention du déclin cognitif et de la maladie d’Alzheimer. Ce travail pourrait, du même coup, faire avancer l’évaluation de l’efficacité des interventions comportementales visant l’adoption de saines habitudes de vie. »

Une approche personnalisée

Amorcé en 2018, le projet Lucilab s’oriente, dès le départ, vers l’accompagnement personnalisé à distance. « Il existe plusieurs applications axées sur les saines habitudes de vie ou la stimulation cognitive, mais elles ne sont pas personnalisées ou très peu, souligne Marc-André Chagnon. De plus, elles ne s’appuient pas assez sur les théories du changement de comportement. Nous avons donc choisi de travailler avec des scientifiques, d’offrir un soutien personnalisé et de concevoir nous-même l’application. »

Lucilab

Trois domaines d’intervention

« Luci est un programme visant à prévenir le déclin cognitif, précise Isabelle Lussier. Il est donc offert à des personnes sans atteinte cognitive, dans le but d’agir sur des facteurs de risque qui sont modifiables, soit l’alimentation, l’activité physique et la stimulation intellectuelle. Ce sont des interventions bien documentées et reconnues, mentionnées notamment dans les lignes directrices de la 5e Conférence canadienne consensuelle sur le diagnostic et le traitement de la démence et de l’Organisation mondiale de la Santé. »

Lucilab

Des conseillers et conseillères bien outillés

Garder sa motivation tout au long d’un programme de changement d’habitudes de vie est tout un défi ! « La personnalisation est au cœur de notre approche, mentionne Isabelle Lussier. Nos conseillers et conseillères suivent une formation intensive en entretien motivationnel avant de commencer à accompagner les participants. Ils sont également supervisés par des experts externes et prennent part à une communauté de pratique hebdomadaire. »


L’approche Luci s’appuie sur des théories du changement de comportement reconnues, comme le modèle transthéorique du changement, le modèle COM-B et utilise la méthode SMART, qui consiste à fixer des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis.

Lucilab

Validation scientifique en cours

La validation du programme Luci est encadrée par un comité scientifique de haut niveau et les études sont réalisées en collaboration avec le Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. « Nous utilisons le modèle ORBIT, qui s’apparente à celui utilisé pour la recherche sur les médicaments. Nous avons franchi avec succès deux des phases de ce processus, soit la preuve de concept auprès de 38 participants pendant 9 semaines et l’étude pilote de faisabilité, à laquelle ont pris part 79 personnes dans le groupe expérimental et 40, dans le groupe contrôle. »


Durant cette étude, qui s’est déroulée sur 24 semaines, les 79 personnes du groupe expérimental ont eu la possibilité de prendre part à 12 rencontres hebdomadaires, puis à des rencontres bimensuelles, tandis que les personnes du groupe contrôle étaient inscrites sur une liste d’attente. L’objectif principal était d’atteindre des cibles préétablies sur le plan des taux de recrutement, d’enrôlement, de rétention et d’adhésion, ainsi qu’au chapitre de l’acceptabilité de la randomisation.


« Nous avons atteint ces cibles haut la main, ce qui nous permet de passer à l’étape de l’étude d’efficacité qui sera menée auprès de plusieurs centaines de personnes et devrait commencer fin 2023 ou début 2024, se réjouit Isabelle Lussier. De plus, des mesures secondaires ont révélé que, par rapport au groupe contrôle, une plus grande proportion des participants du groupe expérimental avaient atteint un changement cliniquement significatif dans leurs habitudes de vie. »

Lucilab

Tests auprès du grand public

Parallèlement au processus de validation scientifique, l’application est testée auprès du grand public. Les personnes qui ont entre 45 et 70 ans peuvent donc s’inscrire en ligne. Après avoir rempli différents questionnaires (il y a certains critères d’admissibilité), elles reçoivent un bilan de leurs habitudes de vie. « Les gens peuvent ensuite poursuivre leur démarche avec un conseiller ou une conseillère durant 12 rencontres hebdomadaires », précise Marc-André Chagnon.


« En testant le programme auprès du grand public, nous pouvons apporter des améliorations à l’application sans attendre la fin des études scientifiques, souligne Isabelle Lussier. En 2022, plus de 13 000 personnes se sont inscrites sur la plateforme et plus de 4 500 rencontres ont eu lieu entre les participants et les conseillers et conseillères. »


Actuellement, environ 150 personnes par semaine suivent le programme Luci destiné au grand public. Il peut être nécessaire de s’inscrire sur une liste d’attente, mais, en attendant qu’une place se libère, il est possible de consulter une bibliothèque contenant beaucoup d’informations et d’outils permettant d’entreprendre une démarche de façon autonome. 

Lucilab

La suite des choses

« Initialement, mon grand-père rêvait que chacun ait un “coach” de vie basé sur l’intelligence artificielle dans sa poche, mais ce domaine n’est pas encore assez avancé pour y arriver maintenant, note Marc-André Chagnon. Le but est d’automatiser progressivement certaines fonctionnalités de l’application et d’y intégrer de l’intelligence artificielle au fur et mesure des progrès dans ce domaine. Cela facilitera le travail des conseillers et maximisera leur présence auprès des personnes engagées dans le programme. À long terme, nous souhaitons offrir cet outil au plus grand nombre et au plus bas coût possible. »


D’ici là, Lucilab étoffera progressivement sa bibliothèque de contenu en y ajoutant des informations et des astuces concernant d’autres facteurs de risque du déclin cognitif comme les problèmes de sommeil, la perte d’audition et la dépression. « Nous allons aussi élargir notre gamme de formats accessibles au grand public en proposant des balados, des capsules vidéo, des jeux-questionnaires, etc., indique Isabelle Lussier. Une offre libre-service “à la carte” est en cours de développement. Les personnes qui voudront cheminer de façon autonome auront des options de parcours qui leur permettront de recevoir une information ciblée selon leurs choix. »


Avec un tel élargissement du contenu et des fonctionnalités de la plateforme, l’avenue technologique, comportementale et personnalisée dans laquelle Lucilab s’est engagée devrait entraîner des retombées positives bien au-delà de la prévention des troubles neurocognitifs. C’est à suivre ! 

Lucilab

Communauté

Vous avez aimé l’article?

En quelques clics, joignez notre communauté et obtenez le meilleur de 100º grâce à des ressources personnalisées.

Créer mon profil
DEVENEZ AMBASSADEUR ET FAITES BRILLER LES PROJETS DE DEMAIN