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Son numéro de téléphone a beau commencer par l’indicatif régional 418, lorsqu’on téléphone à Pierre Lavoie, ces jours-ci, c’est une tonalité européenne qui résonne dans nos oreilles. Qu’on se rassure : malgré ses récents succès outre-Atlantique, le héros des cubes énergie n’est pas près de délaisser ses nombreux projets pour le Québec.
Actuellement en France pour propager ses idées et les succès de ses différentes initiatives, l’athlète et cofondateur du Grand défi Pierre Lavoie (GDPL) se réjouit de constater que ses efforts commencent à porter fruit. « Les cubes énergie existent déjà à Montpellier depuis 5 ans et 125 000 enfants y participent, explique-t-il fièrement. On essaie maintenant de transmettre la pratique à des écoles de la région parisienne. »
Des marches rassembleuses
Retour au Québec. Ce weekend, 30 000 personnes dans 24 municipalités de la province ont participé à la Grande marche, un événement organisé conjointement par le GDPL et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
Issu d’un véritable désir de rendre le sport plus accessible pour tous, le succès de cette Grande marche témoigne de l’effervescence du grand mouvement en faveur de la démocratisation de l’activité physique. Pour sa troisième édition cette année, des marches ont eu lieu dans les 17 régions du Québec.
« Le coup de génie qu’on a eu, raconte Pierre Lavoie, c’est d’engager les médecins dans cet événement. On les a d’abord convaincus de ne pas seulement recommander l’activité physique à leurs patients, mais de la prescrire. Puis, de ne pas seulement la prescrire, mais d’aller marcher avec leurs patients. Enfin, on leur a suggéré de ne pas seulement marcher, mais de nous aider à organiser l’événement ! »
Un leader inspirant
Convaincre une fédération médicale de se joindre à un tel projet ne se fait certainement pas du jour au lendemain. Mais bien avant de courtiser les médecins, Pierre Lavoie avait déjà démontré son esprit de persuasion à maintes reprises en rassemblant les écoles et des milliers de Québécois autour d’une philosophie commune : l’adoption de saines habitudes de vie est la clé d’une société en santé. Comment réussit-il à propager sa vision ?
« Je pense que c’est parce que je suis authentique, dit-il. Je suis vrai. Je parle avec mon cœur. Je crois aussi que c’est parce qu’un leader doit montrer l’exemple, ce que j’essaie de faire avec ma propre pratique de l’activité physique. »
La rigueur et le gros bon sens complètent le portrait du bon leader, selon lui. Pierre Lavoie se garde tout de même de trop s’emballer sur le leadership de son organisation : « Avoir une telle influence dans une société, ça vient avec des responsabilités. C’est un privilège et il faut savoir s’en servir. »
Tous leaders
Pour devenir, à son tour et à son échelle, un leader dans l’adoption de saines habitudes de vie, il faut être rassurant, avance Pierre Lavoie : « Des idées, on en a tout le temps, Germain (Thibault, cofondateur du GDPL) et moi ! Parfois, une nouvelle idée, c’est du changement. Ça fait peur parce que c’est nouveau. Moi, mon rôle en tant que leader, c’est de rassurer. »
Et rassurer veut aussi dire aborder les difficultés inhérentes aux nouvelles idées. Pour lui, un échec représente une occasion d’apprendre.
Ces arguments, poursuit-il, peuvent être utilisés avec nos enfants, nos collègues, nos familles, nos clientèles dans les milieux de travail. En gros, il faut surmonter l’inconfort que procurent les nouvelles façons de faire. « Quand je fais des conférences dans les écoles secondaires, je dis aux élèves : à chaque défi ou épreuve que vous acceptez, vous allez grandir. Vous ne réussirez pas à tout coup, mais vous grandirez ».
Pas besoin d’être un athlète !
Les valeurs véhiculées par Pierre Lavoie sont de plus en plus connues. Mais sa vision profonde recèle un grand désir d’inclusion. « Si on veut changer la société, il faut démocratiser le sport. Ce qui a été proposé dans le dernier siècle était très orienté vers la performance. Ça a bien servi pour faire des médaillés olympiques, mais pour faire bouger tous les jeunes, ce n’est pas suffisant », argue-t-il.
En répandant l’idée de faire de l’activité physique pour maintenir son corps en santé et non avec des objectifs de performance, on convaincra mieux et plus vite, poursuit-il.
De l’importance de l’école
Le vecteur le plus important dans l’adoption de saines habitudes de vie dans la population, aux yeux de Pierre Lavoie ? Les enseignants. « Oui, les médecins sauvent des vies. Mais les enseignants peuvent sauver une société. Tout changement passe par l’éducation », martèle-t-il.
Les enseignants ont été les premiers à embarquer dans la promotion de l’activité physique à l’aide des cubes énergie. Puis, les parents, les médecins, les gens d’affaires et les politiciens ont suivi. Le mouvement, aujourd’hui, en est un de société.
« On est plusieurs organisations à faire valoir l’importance des saines habitudes de vie. Il y a nous, il y a Québec en Forme, il y a Fillactive… Les gens pensent parfois qu’on est en compétition. C’est plutôt le contraire : en réalité, on n’est pas encore assez de monde ! »
Un changement de culture
Beaucoup de travail a été accompli, mais il en reste encore sur la planche, poursuit Pierre Lavoie : « Il y a des choses qui s’en viennent au niveau des entreprises. Les employeurs vont avoir de l’aide de l’État pour pouvoir faire leur contribution en favorisant la santé de leurs employés. Selon moi, c’est la dernière étape vers un changement de culture. »
Le but ultime, soutient-il, est d’arriver à une économie de la prévention. Ainsi, un jour, dans un futur pas si lointain, on pourrait aller à la pharmacie et se procurer dans ce commerce de proximité davantage que de la simple médication. Un système préventif serait mis en place et on pourrait, par exemple, s’y procurer des fruits et des légumes sains, comme c’est déjà le cas dans certaines succursales de la province.
Avec les médecins qui prescrivent maintenant du sport à leurs patients, une volonté politique claire, des entreprises qui embarqueront bientôt à leur tour dans le bateau, des écoles engagées et des familles qui bougent de plus en plus, c’est un futur brillant et en santé qu’entrevoit Pierre Lavoie pour le Québec. Son gage de réussite ? « J’entends des jeunes de 8 ans qui comprennent parfaitement ce que sont les saines habitudes de vie. Je me dis que le message qu’on essaie de passer, bientôt, on ne pourra juste plus y échapper », conclut-il.
Texte initialement publié le 19 octobre 2017. Mise à jour: 23 octobre 2017
Crédits photos: Grand défi Pierre Lavoie