Cet article appartient au dossier
Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MÉES) vient de publier un avis fort bien documenté sur les avantages du plein air. Plusieurs bons coups y sont mentionnés, ainsi que des pistes d’action pour protéger et développer les sites naturels et bonifier l’offre de plein air.
Intitulé « Au Québec, on bouge en plein air ! », cet avis vise à outiller les intervenants de divers milieux pour favoriser le développement et la promotion des activités de plein air au Québec. Il documente notamment les bienfaits de la nature, les politiques et les pratiques en matière d’activités de plein air.
Les bienfaits de la nature, principalement en milieu urbain, sont présentés sous les trois piliers du développement durable : social, environnemental et économique.
Ce qu’en dit la science
La réduction du stress, l’amélioration de la cohésion sociale et un meilleur développement moteur des enfants ne sont que quelques-uns des bénéfices documentés des activités en plein air. Les études pertinentes sont dûment résumées et répertoriées dans ce rapport et peuvent dont servir d’argumentaire pour convaincre les décideurs.
« Les services écosystémiques fournis par les parcs urbains permettent aux municipalités et aux gouvernements de profiter d’importantes retombées économiques et environnementales. Par exemple, chaque dollar investi dans un arbre rapporte 4 $ à la société. »
Outre la santé mentale et physique, les espaces où l’on fait du plein air ont des effets reconnus sur la qualité de vie des citoyens. La réduction des îlots de chaleur, la préservation de la biodiversité, la baisse du taux de criminalité et l’augmentation des retombées du récréotourisme font partie des avantages dont bénéficient les communautés.
« Les auteurs d’une étude menée en 2010 ont évalué que la fréquentation de l’ensemble des parcs de la ville de Denver a permis une économie de près de 65 millions de dollars américains en soins de santé. »
Les résultats des recherches colligées dans le rapport établissent un lien entre la santé et l’accès à des espaces naturels en milieu urbain. Les auteurs mentionnent en effet que ces données « suggèrent qu’une répartition plus équitable de ces lieux permettrait de réduire les inégalités en matière de santé, principalement observées chez les personnes issues de quartiers défavorisés.
« Les centres-villes avec des espaces naturels sont attrayants pour les employeurs et favorisent la rétention de leur personnel. »
Les bons coups, ici et ailleurs
Parmi les bons coups mentionnés dans cet avis du MÉES, on compte des initiatives québécoises très diverses:
- Le parc régional des Appalaches, créé en 1997, est le résultat de la concertation de 8 municipalités de la MRC de Montmagny. Ce parc, dont l’accès est gratuit, a fait augmenter la fréquentation touristique de la région.
- Le Plan de gestion des milieux naturels de Gatineau. Depuis décembre 2015, cette ville intègre les milieux naturels dans les diverses étapes de planification urbaine, ce qui inclut la protection et à la création de corridors écologiques et d’écoterritoires.
- La fédération Ski de fond Québec a mis sur pied quatre programmes d’initiation jeunesse (de 3 ans à 16 ans) et Ski-Mobile, un projet de découverte du ski de fond.
- À Saguenay, au début de chaque saison d’activité, les responsables d’organismes de plein air rencontrent les responsables municipaux, ce qui crée un lien de confiance facilitant le partage de renseignements.
- Plein air interculturel a été créé en 2008, par l’Association récréative Milton-Parc, à Montréal. Grâce à ce projet d’intégration, plus de 3000 personnes d’horizons culturels variés ont pris part à des activités telles que le camping, le canot-camping et la randonnée pédestre.
- Fruit d’une concertation entre entreprises, propriétaires et responsables locaux, la coopérative de solidarité Vallée-Bras-du-Nord (région de Portneuf) est devenue un modèle en matière de planification et d’aménagement de sentiers, principalement pour le vélo de montagne.
- Le réseau du sentier maritime des Îles-de-la-Madeleine, établi en 2008, permet aux résidents et aux visiteurs de planifier leurs sorties en kayak de mer.
- Le projet Nurrait (Jeunes Karibus) dans les écoles secondaires du Nunavik. Des jeunes de 13 à 17 ans de communautés inuites participent à une expédition en ski de fond de cinq jours en pleine toundra arctique.
- La Stratégie famille, mise sur pied en 2015-2016 par la Sépaq, a fait augmenter de 44 % le taux de fréquentation des jeunes.
L’avis du ministère mentionne quelques bons coups en vigueur ailleurs dans le monde, comme :
- La Fondation SuisseMobile, qui a mis sur pied, en 2008, un site Web regroupant les plus beaux sentiers de plein air en Suisse. Ce site a attiré 10,5 millions de visites en 2016 seulement.
- En Suède, et généralement en Scandinavie, le droit de libre accès à la nature autorise toute personne à accéder au territoire, qu’il soit public ou privé, pour faire de la randonnée pédestre, du canot, du camping, etc. Bien sûr, ce droit doit s’exercer selon certaines normes éthiques, dont celle du respect à la vie privée.
Des idées pour agir
Voici quelques-unes des pistes d’action proposées dans l’avis du MESS :
- Entreprendre des démarches concrètes pour traiter les questions de droits de passage et de continuité d’accès aux sites.
- Aménager des sites de qualité, à l’aide de mesures et d’incitatifs financiers pour soutenir la mise à niveau, l’entretien et la signalisation des sentiers et le développement de sites de plein air.
- En milieu urbain : structurer une politique d’acquisition de terrains et de servitudes d’usage public; créer de nouveaux lieux de pratique et d’accès à la nature en ville.
- Favoriser la qualité de l’animation, de l’encadrement et de la gestion des expériences de plein air.
- S’assurer que les principaux sites de proximité sont desservis par un transport collectif (ex. : autobus, navette ou service de covoiturage) et que l’équipement de plein air léger (ex. : ski de fond, raquette, etc.) est permis à bord.
- Faire des écoles primaires et des services de garde éducatifs à l’enfance les premiers lieux d’éveil à la nature par l’incitation à la pratique d’activités de plein air.
« Dans le contexte actuel, le besoin de rapprochement avec la nature et l’engagement de nombreux acteurs en faveur du développement durable sont propices au développement et à la promotion des activités de plein air. Voilà donc l’occasion de créer une véritable culture du plein air pour qu’au Québec, on bouge en plein air! »
Rapport complet. Au Québec, on bouge en plein air – Avis sur le plein air. Direction du sport, du loisir et de l’activité physique, ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, novembre 2017.
Faits saillants