Pédagogie plein air

L’apprentissage ancré dans le milieu: une avenue pour engager les jeunes dans leur communauté

Vous travaillez avec les jeunes, dans une école ou un autre milieu ? Avez-vous déjà entendu parler de « l’apprentissage ancré dans le milieu » ? Sans le savoir, cette approche fait peut-être déjà partie de vos outils !

Nous avons tous besoin de sentir que nous sommes connectés à quelque chose, à un ensemble. Savoir d’où on vient, comprendre notre environnement et sentir qu’on fait partie de celui-ci, qu’on a un rôle à y jouer. L’apprentissage ancré dans le milieu (place-based learning) utilise l’environnement pour engager les jeunes dans leurs apprentissages.

Dans cette approche, l’environnement désigne tout ce qui entoure le jeune dans son quotidien. Tout le « monde » qui existe entre son école et sa maison. C’est la communauté, son histoire, ses paysages, sa culture, ses personnalités, ses légendes et bien évidemment, les éléments de la nature. En bref, l’environnement devient la classe !

classe extérieure

Petite histoire 

Même si les principes de cette approche étaient utilisés depuis longtemps par certains pédagogues, le terme « place-based education » a été développé au début des années 1990 par la Orion Society et l’enseignant David Sobel.

Ce dernier publiait, en 2004, le premier livre consacré à l’apprentissage ancré dans la communauté (Place-Based Education: Connecting Classrooms & Communities). Dans cet ouvrage, il y caractérise l’approche d’apprentissage ancré dans le milieu comme étant une pédagogie de communauté, permettant de restaurer les liens essentiels entre une personne et son environnement. Il souligne que cette approche permet de se poser des questions en apparence simples, mais essentielles et riches en apprentissages : Où suis-je ? Quelle est la nature de ce lieu ? Comment cette communauté vit-elle ?

pedagogie plein air Projet Enquête de terrain en environnement urbain, Cœur des sciences de l’UQAM, finaliste au concours Projets d’espoir (2016) de la Fondation Monique-Fitz-Back. Crédit : Stéphan Chaix.

Les effets de l’apprentissage ancré dans le milieu

Lorsque vous utilisez le lieu, l’environnement, comme support pour les apprentissages, tout ce que les jeunes font devient pour eux significatif, réel, ancré dans « leur monde ». Ils établissent des liens entre leurs apprentissages et ce qui les entoure. Ainsi, la topographie, l’histoire, l’activité physique ou bien encore la géographie trouvent écho dans des lieux qu’ils connaissent.

L’une des dimensions importantes de l’apprentissage ancré dans le milieu réside dans la connexion qui s’établit entre le jeune et son milieu de vie. En agissant sur des enjeux propres à son milieu, il développe un attachement, une relation avec celui-ci (sens of place) et donne du sens à ses apprentissages, physiquement comme émotionnellement.

Les principaux avantages de l’apprentissage ancré dans le milieu :

  • Ancre les apprentissages dans un contexte local
  • Offre des expériences d’apprentissages centrées sur le jeune
  • Engage le jeune dans ses apprentissages et les rend pertinents
  • Permet au jeune de voir le monde à travers différentes lunettes : écologiques, politiques, économiques et sociales
  • Développe l’autonomie et le leadership du jeune, ce qui stimule la motivation et la persévérance
  • Favorise les expériences d’apprentissages basés sur l’enquête (inquiry-based learning)
  • Favorise l’apprentissage interdisciplinaire
  • Développe la pensée critique et la créativité
  • Offre au jeune une meilleure compréhension du monde et de l’interconnexion des enjeux
  • Encourage l’adoption de modes de vie sains
  • Développe et met en lumière différents types d’intelligence (linguistique, logico-mathématique, spatiale, musicale, etc.).
apprentissage ancré dans le milieu Projet Les mordus de la nature, École Lanouette, soutenu par l’édition 2017-2018 du programme d’aide financière de la Fondation Monique-Fitz-Back. Crédit : Fondation Monique-Fitz-Back.

Des idées pour mettre en place des activités d’apprentissage ancrées dans le milieu

Ça peut ressembler à quoi, l’apprentissage ancré dans le milieu ? Ça peut être une visite commentée sur l’histoire du quartier pour des aîné(e)s, une recherche sur l’évolution du paysage menant à la création d’une vidéo, l’installation d’une caméra-cachée sensible aux mouvements pour étudier la faune qui habite les lieux, la création d’une pièce de théâtre présentant un enjeu propre au quartier, le suivi de santé d’un cours d’eau à proximité, la création d’une sculpture sur un personnage historique ou représentant une légende, la participation à une activité de conservation avec un organisme local...

Discutez avec vos élèves de ce qu’ils connaissent des caractéristiques, de l’histoire et des enjeux de leur milieu. N’hésitez pas d’y aller avec vos propres questions et réflexions. Utilisez les éléments soulevés qui auront suscité le plus d’intérêt comme points de départ pour des projets de recherche-action !

Projet Marché de Noël, École du Vallon, soutenu par l’édition 2017-2018 du programme d’aide financière de la Fondation Monique-Fitz-Back. Crédit : Fondation Monique-Fitz-Back.

Clés pour mettre en place cette approche avec succès

L’organisation Getting Smart remarquait, dans son document What is place-based education and why does it matter ? que les écoles qui avaient implanté cette approche avec succès présentaient deux caractéristiques communes : prioriser l’engagement des jeunes dans leur milieu et l’authenticité des expériences vécues. En bref : offrir aux jeunes des expériences vraies et concrètes, qui mèneront à des apprentissages plus profonds et significatifs. Ainsi, ils prendront à la fois conscience de leur place comme individu que de l’intérêt du contenu académique, tout en développant leurs capacités d’agir.

De plus, il est recommandé d’adapter cette approche en fonction de l’âge des jeunes, en débutant avec des projets au niveau micro (le quartier), pour élargir ensuite vers le macro (la ville, le pays, puis le monde !). Ainsi, progressivement, les connaissances acquises au niveau micro lui permettront de faire des connexions à plus grande échelle. Par exemple, au préscolaire et au primaire, les activités peuvent porter sur des connaissances concrètes qui peuvent être observées dans une zone connue du jeune (entre la maison et l’école). Les apprentissages de base, tels que le nom des rues ou des plantes autour de l’école, pourront progresser vers des notions de plus en plus abstraites, comme l’urbanisme, l’économie, le fonctionnement des écosystèmes, les enjeux sociaux, etc.

Ressources pour en savoir plus

*** Cet article a été rédigé en collaboration avec  Patrick Daigle, chargé de cours au programme intervention en plein air de deuxième cycle et au baccalauréat en enseignement de l’éducation physique. Patrick Daigle est également chercheur associé à la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, ainsi que guide et formateur en plein air.

*** Photo en Une: Aline Boisjoli, enseignante à l’Académie Sainte-Anne, à Dorval, et ambassadrice 100°.

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