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Dans les mouvements de transition socioécologique, chaque génération a un rôle clé à jouer. Alors que les plus expérimenté·es offrent savoir-faire, mémoire et ancrage, les jeunes apportent un regard neuf, une énergie précieuse et des idées audacieuses. Vous cherchez des façons de rallier la relève à une cause ? Voici des stratégies concrètes pour encourager la participation des jeunes et accroître l’impact de vos actions.
En mobilisation citoyenne, l’intergénérationnalité est l’art de réunir et d’optimiser les forces de chaque génération pour transformer nos sociétés de manière créative. En rassemblant des personnes de tous les âges, on crée des mouvements plus riches, solides et justes. Les quelques pistes qui suivent vous aideront à rendre votre initiative plus inclusive pour les jeunes générations. Elles s’appliquent d’ailleurs à toute démarche de transformation sociale !
1- Mieux comprendre la réalité des jeunes pour susciter leur engagement
Entre les études, le travail et les engagements personnels, les jeunes ont peu de temps libre. Pourtant, au sein du Réseau Demain le Québec, nous constatons depuis plusieurs années qu’elles et ils sont nombreux à s’impliquer dès qu’une cause leur parle vraiment.
On l’a vu avec les multiples grèves étudiantes : elles et ils trouvent plusieurs manières de créer des contre-pouvoirs clés. Pensons aux grèves pour la salarisation des stages, pour la gratuité scolaire ou pour la justice climatique.
Pour créer un mouvement intergénérationnel, il est essentiel de se demander si notre cause est porteuse de sens pour les jeunes. Il faut également mettre en évidence de façon concrète en quoi les avancées de cette cause auront un impact direct et positif sur leur vie.
2- Créer des points de contact intergénérationnels
Une fois qu’on sait pourquoi et comment notre cause peut résonner chez les jeunes, il est temps d’aller à leur rencontre… et pour cela, rien de mieux que de se rendre là où elles et ils sont déjà ! C’est une astuce simple et pourtant essentielle afin de mobiliser différents groupes d’âge et de diversifier ainsi le profil des personnes engagées envers notre cause.
Bien évidemment, les réseaux sociaux sont des espaces particulièrement propices, mais il y a aussi les campus, les festivals ou les événements parascolaires. Par exemple, le regroupement de l’Écothèque a recruté plusieurs étudiant·es grâce à un simple kiosque installé à la sortie de tournois sportifs universitaires.
Distribuer des dépliants dans un congrès étudiant ou rencontrer des groupes jeunesse dans des centres communautaires ou des organismes du quartier sont d’autres stratégies pour créer les premiers points de contact avec la jeune génération.
3- Encourager l’implication des jeunes grâce à des pratiques inclusives
Lorsque plusieurs générations se rassemblent autour d'une même cause, le défi est de créer et de cultiver des pratiques inclusives et bienveillantes, qui favorisent la rétention des jeunes au sein du groupe. Inclure les jeunes, c’est leur donner la possibilité de contribuer autrement qu’en « prêtant main-forte ». Quand on leur laisse la liberté de co-créer une initiative, de proposer leurs propres actions ou de gérer une partie du projet, elles et ils développent un sentiment d’appartenance bien plus fort. Leur donner de l’autonomie et leur faire confiance reste la meilleure façon de nourrir leur envie de s’engager.
4- Proposer des actions militantes concrètes et visibles
Rien de plus démobilisant que d’attendre des mois avant de constater un résultat. Les jeunes (tout comme les moins jeunes) aiment voir l’impact de leurs actions rapidement. Pour ce faire, on peut déterminer en amont une liste d’objectifs concrets et réalisables qui procurent un sentiment de réussite, une fois atteints. Par exemple, il peut s’agir d’organiser une soirée à micro ouvert dans son quartier pour faire connaître la cause choisie ou d’amasser un montant d’argent clé pour réaliser la prochaine action.
Ensuite, pour nourrir la motivation et l’envie de continuer à s’engager, il est important de valoriser la contribution de chacun·e, quelle qu’elle soit! D’ailleurs, souligner l’apport de tous les membres d’un groupe contribue à assurer sa pérennité.
5- Créer des liens intergénérationnels durables
La création de liens forts entre les générations est un puissant moteur d’engagement social. Après avoir accompli une action, prendre le temps de partager un repas, de discuter de nos apprentissages ou de fêter ensemble les réussites renforce les liens et nourrit la motivation de poursuivre ensemble. Et ces moments ne sont pas anodins : c’est souvent lors des discussions plus informelles qu’on partage savoir, expériences, et qu’on s’inspire de l’énergie et des idées nouvelles qui émergent. Ces échanges installent une confiance mutuelle qui, à partir d’un simple projet, fait naître une véritable communauté engagée.
6- Intégrer des actions plus radicales lors des mobilisations citoyennes
Les jeunes explorent souvent des formes d’action plus créatives ou radicales : blocages symboliques, performances artistiques, actions de rue audacieuses. Nous l’avons vu lors des mobilisations pour la justice climatique : les grandes marches intergénérationnelles côtoyaient des sit-ins ou blocages organisés par des étudiant·es, ou encore des œuvres collectives réalisées dans l’espace public. Ces approches peuvent surprendre, voire créer des tensions, mais combinées aux initiatives plus traditionnelles — lettres ouvertes, plaidoyer politique, pétitions —, elles élargissent l’impact et renforcent le mouvement. C’est dans cet équilibre entre expérience et audace que se construit une mobilisation puissante.
S’ouvrir à une certaine radicalité est donc essentiel, bien que cela ne signifie pas d’être toujours d’accord. L’idée est plutôt d’accepter le dialogue entre différentes visions et de co-construire une stratégie capable de puiser sa force dans cette diversité d’actions. Après avoir installé un climat de confiance et tissé des relations interpersonnelles solides, le groupe peut trouver un juste milieu, où les tensions se transforment en occasions d’apprentissage mutuel et de réussite collective.
Les générations font front commun: l’exemple du projet de loi 97
La mobilisation contre le projet de loi 97 fait écho aux luttes menées contre l’industrie forestière au Québec durant les années 1990. Le souvenir des impacts négatifs des coupes à blanc sur de vastes étendues de territoire (dont il est notamment question dans le documentaire L’Erreur boréale (1999) de Richard Desjardins et Robert Monderie) offre aux regroupements plus jeunes une mémoire collective capable d’inciter la population à se mobiliser afin de protéger les forêts contre cette loi trop permissive.
Les mobilisations actuelles sont d’ailleurs initiées par plusieurs familles autochtones, qui allient le savoir des aîné·es et l’énergie des plus jeunes. Des regroupements étudiants, des comités citoyens et des travailleur·euses se sont aussi ralliés à la cause, tous étant sensibles à la menace que constitue ce projet de loi pour la santé globale de nos écosystèmes et celle de la population du territoire.
Cette alliance intergénérationnelle montre à quel point, lorsque mémoire, savoir et énergie se rencontrent, il est possible de transformer la mobilisation en un mouvement fort, porteur d’espoir pour toutes les générations.
Une relève en action sur le terrain
Allez à la découverte de ces quelques regroupements jeunesse inspirants, membres du Réseau Demain le Québec :
L’aile jeunesse du chantier d’économie sociale
L’Écothèque
La CEVES - Sherbrooke
Comité jeunesse du Lab22
Comité des étudiants de Rimouski pour l'environnement - le CEDRE
Éclore
Écologie populaire
Paroles d’excluEs – les Gilets verts