Activité physique

Habitudes de vie des jeunes: une plateforme Web inédite pour soutenir les écoles

Depuis octobre 2019, les écoles primaires et secondaires du Québec ont la chance de pouvoir utiliser une plateforme Web conviviale, capable d’évaluer sur des bases scientifiques le milieu dans lequel évoluent leurs élèves.

En tout, 2351 écoles ont été invitées à s’inscrire sur la plateforme du Système d’information scolaire (SIS) pour répondre à un questionnaire en ligne qui, dans un premier temps, permet d'évaluer l'une des importantes facettes d'un milieu scolaire, en attendant les autres : l’offre alimentaire. Dès que le questionnaire est rempli, la plateforme retourne sans délai un rapport personnalisé aux utilisateurs. Ce rapport établit d’abord les points forts, puis ceux qui demandent à être améliorés, et enfin offre des suggestions concrètes pour y parvenir en vertu des meilleures connaissances dans le domaine. Les recommandations offertes par le rapport automatisé du SIS correspondent directement aux composantes prioritaires de la Politique-cadre pour une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif.

« Pour le moment, explique Amélie Boulanger, seul un questionnaire sur l’offre alimentaire est disponible. C’est d’ailleurs l’une des thématiques les plus complexes à transposer sous forme de questionnaire. Cet exercice nous a en outre servi de pilote à grande échelle pour tester la plateforme. Or, maintenant que la preuve de concept est faite, nous allons graduellement ajouter les autres thématiques qui touchent aux saines habitudes de vie et à la réussite éducative. Nous sommes justement en train de peaufiner le prochain questionnaire qui va porter sur le contexte des repas et nous élaborons aussi un module permettant de décrire l’offre alimentaire autour des bâtiments scolaires. »

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Gagnant-gagnant

« Chaque école a vraiment avantage à remplir les questionnaires en raison des rapports personnalisés qu’elle va immédiatement recevoir, insiste Amélie Boulanger. D’un seul coup, l’établissement va connaître ses forces et ses faiblesses pour ensuite identifier les facettes de son milieu sur lesquelles il est nécessaire d’intervenir. En plus, ces portraits peuvent grandement faciliter la rédaction des rapports de reddition de comptes. Mais le plus beau, c’est que les années subséquentes, en remplissant à nouveau les mêmes questionnaires, l’école pourra évaluer l’efficacité de ses interventions ! »

« Même les écoles convaincues que tout va pour le mieux devraient utiliser la plateforme, souligne-t-elle, ne serait-ce que pour le confirmer sur une base scientifique. Parce que personne n’est spécialiste de tout. Et si réellement, la plateforme confirme que toutes les orientations de la politique-cadre sont atteintes, alors tant mieux ! Les écoles pourront se concentrer sur d’autres thématiques. Mais si le rapport indique des lacunes, les intervenants du milieu scolaire pourront s’affairer à les corriger. »

Du local au provincial

Les écoles ont non seulement tout avantage à utiliser le SIS, mais leur participation va de plus contribuer à dresser un portrait global des milieux scolaires au Québec. « À l’heure actuelle, précise Amélie Boulanger, les études sur les jeunes ne manquent pas. Par contre, on connaît mal ce qui se passe sur le terrain. Or, on le sait, le milieu dans lequel évoluent les élèves peut jouer un rôle crucial sur leurs comportements et leurs habitudes. »

« Une fois que nous serons en mesure de dresser un portrait plus juste des milieux scolaires, alors les personnes responsables d’élaborer les politiques publiques pourront le faire sur la base des données du SIS. Si on connaît, l’état de la situation sur une thématique spécifique, on pourra ensuite mesurer les impacts de ces politiques. Et corriger le tir, le cas échéant. »

Toutefois, pour être en mesure de brosser ce portrait provincial des milieux scolaires, il faut que les écoles participent en grand nombre. Or, depuis octobre dernier, seulement 5 % d’entre elles ont répondu à l’appel après avoir reçu le courriel d’invitation. « La plateforme demeure méconnue parce qu’elle n’a pas encore été très médiatisée, reconnaît Amélie Boulanger. Mais nous élaborons présentement une stratégie de communication pour en faire valoir l’importance. Car tant que les écoles n’auront pas massivement répondu à l’appel, on ne pourra ni brosser un portrait provincial cohérent ni informer adéquatement les ministères ou les tables régionales. »

Un portail unique… en son genre

« Notre rêve, souligne Amélie Boulanger, c’est de regrouper tous les questionnaires sur les milieux scolaires ainsi que l’ensemble des informations recueillies. Et aussi indexer toutes les ressources disponibles, par région, afin de favoriser le passage à l’action. On souhaite que notre projet, qui en est à ses premiers pas, grandisse avec tout le monde. Si, comme l’adage le veut, ça prend tout un village pour élever un enfant, alors il faudrait que tous les intervenants travaillent ensemble pour faire grandir cette plateforme afin qu’elle réponde à la fois aux besoins des chercheurs, des ministères, des groupes d’intervention régionaux et, bien sûr, à ceux des écoles. »

« À ce chapitre, la plateforme leur offre beaucoup de souplesse, puisque celles-ci peuvent choisir le moment qui leur convient le mieux pour répondre aux questionnaires. Et y revenir, quand elles le jugent opportun, afin d’évaluer la portée de leurs interventions. D’ailleurs, notre souhait serait que les écoles revisitent la plateforme d’année en année et qu’elles répondent aux questionnaires de toutes les thématiques. Cela nous permettrait de recueillir des données longitudinales pour mesurer l’évolution des milieux scolaires au Québec ! C’est vraiment notre plus grand rêve ! »

(NDLR : Cet article a été modifié le 21 février 2020)

La genèse du SIS

En 2007-2008, des professionnels sont allés visiter toutes les écoles primaires et secondaires de Sherbrooke dans le but de brosser un portrait de l’offre alimentaire et de l’activité physique, pour ensuite leur remettre un bilan personnalisé. Une enquête exhaustive coordonnée par Pascale Morin, professeur à la faculté des sciences de l'activité physique. En parallèle, la chercheuse était aussi mandatée1 par le gouvernement pour mener une enquête à l’échelle de la province sur la base d’un échantillonnage de 207 écoles (à l’exclusion toutefois de celles de l’île de Montréal). Cette Enquête sur l’offre alimentaire et d’activité physique dans les écoles du Québec a entre autres permis de montrer que, dans la foulée de la Politique-cadre pour une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif, la situation s’était un peu améliorée au chapitre de l’alimentation.

Bref, d’une part, on avait réalisé des évaluations individualisées de toutes les écoles d’une commission scolaire, et de l’autre, un portrait global, ou presque, de l’ensemble de la province.

Réunion de travail

La nécessité est mère de toutes les inventions

L’élément déclencheur qui a ensuite conduit à l’élaboration de la plateforme du SIS s’est produit vers 2012 lorsque certaines des écoles de la région de Sherbrooke ont contacté les chercheurs pour demander une réévaluation de leur situation afin de savoir si leurs interventions avaient porté fruit. Or, pour réaliser cette seconde évaluation, faute de financement adéquat, il fallait mettre en place une nouvelle procédure de cueillette de données de manière à en diminuer les coûts. Ce qui permettrait au surplus d’en assurer la récurrence. C’est ainsi qu’est née l’idée de la plateforme SIS : d’abord dans le but de répondre aux demandes des écoles de la région de Sherbrooke, mais aussi en caressant l’ambition de l’offrir à tous les établissements de la province.

« Ce qui au départ n’était qu’un projet de recherche, explique Amélie Boulanger, nous avons souhaité qu’il devienne socialement utile et qu’il puisse répondre aux besoins de toutes les écoles. Qu’il les aide à bien évaluer leur situation pour ensuite leur offrir des pistes de solutions et les pousser à passer à l’action. Et le travail ne fait que commencer. Car parallèlement à notre plateforme, nous travaillons activement à établir un partenariat alliant des intervenants de l’éducation et de la santé de différents paliers (local, régional, provincial) ainsi que d’autres chercheurs afin de mieux connaître les besoins de chacun, de cibler les thématiques prioritaires et ainsi développer le meilleur outil pour tous. »

À noter que ceux qui souhaitent devenir partenaire du projet peuvent justement contacter Amélie Boulanger à sis.partenariat@usherbrooke.ca tandis que les écoles qui souhaitent utiliser la plateforme peuvent s’adresser à Myriam Landry à sis@criucpq.ulaval.ca

1 L’enquête a été menée en 2008-2009 grâce au financement du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), du Centre de recherche en prévention de l’obésité (CRPO) et du Secrétariat à la Jeunesse (SAJ).

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Activité physique à l’école: des idées et des outils pour réaliser vos projets

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