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Après la cour d’école, le parc municipal est le lieu le plus convoité par les enseignant·e·s pour y faire la classe dehors (rapport de la CREPA, 2022). Ce genre d’endroit offre plusieurs avantages : espace, végétation plus abondante et même parfois l’accès à diverses infrastructures (tables, estrades, sentiers, etc.). Voici 8 idées à l’intention des municipalités pour faciliter l’enseignement extérieur dans les parcs municipaux.
1- Donner accès à des salles de bain.
Le contexte : L’enseignant·e qui planifie une sortie dans son parc municipal tient toujours compte de la proximité et de l’accessibilité d’une salle de bain ou d’une toilette. Si cette dernière n’est pas présente ou inaccessible (ex. : bâtiment barré), le temps de sortie prévu avec les élèves s’en verra diminué. Cela influence donc le nombre et le type d’activités pouvant s’y dérouler. Sortir de la cour d’école pour se rendre au parc demande déjà un grand effort de planification (trajet, matériel, identifier les risques, planifier le déroulement, etc.). Penser à gérer, en plus, des urgences pipi ou des dégâts ajoute à la planification et au stress. Pour certain·e·s, l’absence ou l’inaccessibilité à une toilette représente un frein majeur à sortir de la cour d’école.
L’idée : Installer une toilette mobile ou donner l’accès à une salle de bain à proximité (ex. : bâtiment municipal) fera une grande différence pour les enseignant·e·s. Il deviendra alors possible d’étirer le temps passé au parc, ce qui ouvre la possibilité d’y vivre une plus grande variété d’activités. Ce faisant, on renforce davantage le contact avec la nature. L’accès à une salle de bain avec robinet et eau courante est un grand plus : pratique pour se laver les mains (par exemple après une expérience un peu salissante) ou pour bien nettoyer une égratignure.
2 - Offrir divers espaces de rassemblement
Le contexte : Choisir un lieu de rassemblement est un élément important en éducation en plein air. Lors de sa visite de repérage au parc municipal, l’enseignant·e cherchera un lieu pour y rassembler tout son groupe, le plus possible à l’abri des éléments (ex. : vent, pluie, soleil) et lui permettant de rassembler ses élèves en cercle, ou sinon devant elle ou lui. Le lieu doit être sécuritaire, accessible et calme. L’enseignant·e recherchera aussi des espaces propices au travail en plus petits groupes.
L’idée : Le parc municipal idéal offre des lieux de rassemblement variés : pour grands groupes et petits groupes. Donner accès à un espace couvert assez grand pour y rassembler un groupe de 30 personnes (grand pavillon ou préau) offre de nombreux avantages. En effet, la présence d’un tel abri est rassurante pour l’enseignant·e : si le soleil tape fort ou si une pluie torrentielle se pointe le bout du nez, il sera possible de s’y abriter (ainsi que le matériel). Astuce : ajoutez à proximité de l’abri des végétaux pour bloquer les vents. En classe extérieure, les élèves se rassemblent souvent en cercle, ce qui favorise l’écoute et le partage. Les aménagements en cercle sont donc très appréciés (bancs, pierres, etc.). Enfin, des espaces chaleureux pour travailler en solo ou en petites équipes sont aussi pratiques (tables de pique-niques, grandes roches, bancs, tipis végétaux, etc.).
3- Installer une fontaine à boire
Le contexte : L’éducation en plein air amène les élèves à apprendre en bougeant. En plus de devoir gérer les élèves, le matériel et le temps, les enseignant·e·s doivent s’assurer que leurs élèves restent bien hydratés. En toute saison, l’hydratation demeure très importante. Ainsi, même si les élèves apportent leurs gourdes lors de la sortie, les enseignant·e·s vont souvent transporter dans leur sac à dos 1 ou 2 litres d’eau en surplus… surtout si le parc n’offre pas de source d’eau potable.
L’idée : Installer une fontaine à boire dans votre parc municipal. Il y en a déjà une ? Vérifiez qu’elle fonctionne bien et que l’eau est de qualité. Il reste pertinent pour les élèves d’amener leur propre bouteille d’eau, mais la présence d’une fontaine fonctionnelle sera rassurante pour les enseignant·e·s. Si un élève vide sa gourde ou encore oublie de l’apporter, la fontaine sera fort utile. Encore mieux : une installation à deux niveaux (une fontaine plus haute pour les grands et une plus basse pour les petits) favorisera l’autonomie des élèves. L’accès à une salle de bain, avec de l’eau potable et un robinet assez haut pour y remplir une gourde, peut pallier l’absence d’une fontaine à boire, en plus d’être pratique durant l’hiver.
4- Augmenter et varier la biodiversité présente sur le site
Le contexte : Les enseignant·e·s qui utilisent les parcs municipaux pour faire la classe dehors le font pour différentes raisons. Plus d’espace, possibilité de faire du bruit sans déranger les collègues en classe, favoriser le jeu libre, réviser en bougeant, rendre des notions plus concrètes… L’accès à une variété de matériel dit naturel est d’ailleurs souvent cité. En effet, ce type de matériel (branches, roches, feuilles, etc.) favorise un grand nombre d’activités pédagogiques, en plus de stimuler les sens, l’imagination et le contact avec la nature.
L’idée : C’est simple : plus la biodiversité de votre parc est riche est variée, plus vous multipliez le matériel pédagogique (matériel nature) et les occasions d’apprendre. Par exemple, une variété d’arbres permet aux enseignant·e·s de pratiquer l’identification (feuillus et conifères), de s’interroger sur leurs caractéristiques et particularités (l’érable à sucre crée le sirop d’érable, le bouleau présente plusieurs utilités pour les peuples des Premières Nations, etc.). Une variété d’arbres et de plantes offre aussi un plus grand choix de matériaux pour jouer ou manipuler (ex. : cocottes, samares, glands, aiguilles, noix, pommes, feuilles variées, etc.), ce qui est notamment très pratique pour les arts, les mathématiques et les sciences. Mentionnons que les conifères sont très appréciés en hiver, car ils offrent des endroits pour s’abriter du vent et offrent une sorte de cocon chaleureux pour y vivre différentes activités (ateliers en petits groupes, lecture, etc.). Enfin, veillez à ne pas tout « nettoyer » ce qui se trouve au sol : laissez-en suffisamment pour les jeunes… et les enseignant·e·s ! L’installation d’un croque nature (matériel naturel en partage) s’avère aussi être une solution pour donner rapidement accès à une variété d’éléments et ainsi, sauver du temps.
5- Offrir un espace de rangement
Le contexte : Les enseignant·e·s doivent apporter avec eux tout le matériel nécessaire au bon déroulement de leur classe extérieure. Parmi le matériel fréquemment utilisé, on compte notamment : les gourdes d’eau, les tablettes à pinces et les crayons, le matériel de sport (ex. : cônes, cerceaux, ballons, etc.), des assises (ex. : tapis mousse), des bâches, etc. Déplacer ce matériel et le gérer exige toute une logistique pour l’enseignant·e. Et après l’activité, on doit aussi s’assurer de le rassembler, le ramener à l’école, le nettoyer (au besoin) et le ranger.
L’idée : Offrir un espace de rangement directement dans le parc municipal facilitera grandement la gestion du matériel. L’espace peut prendre différentes formes, selon les besoins : coffre, armoire, petit cabanon, etc. Il peut également y en avoir plusieurs. Leur accès peut être géré à l’aide d’un cadenas à code ou d’un prêt de clé. Certaines villes offrent même un espace de rangement intérieur (ex. : étagères réservées pour l’école dans le bâtiment municipal situé dans le parc). Donner accès à une variété de matériel et d’équipement sur place aidera aussi les enseignant·e·s à saisir les occasions (« allons chercher les jumelles pour observer le nid d’oiseau que tu viens de repérer ! »). Un espace de rangement peut également s’avérer très pratique pour entreposer du plus gros matériel, moins facile à déplacer (ex. : chaises de camping, raquettes, traîneaux). La municipalité peut aussi donner un coup de main dans l’achat de différents équipements et participer à leur entretien.
6- Favoriser des déplacements sécuritaires vers le parc
Le contexte : La distance demeure un facteur important pour les enseignant·e·s : plus le parc est proche et facile d’accès, plus il sera fréquenté. Par exemple, un parc situé à proximité d’une école et dont le chemin pour s’y rendre à pied est jugé trop long, compliqué ou dangereux, aura peu de chance d’être régulièrement utilisé par les enseignant·e·s pour leurs classes extérieures.
L’idée : Déterminez le chemin à partir de l’école et repérez les défis pouvant être rencontrés par les enseignant·e·s et leurs élèves (absence de trottoir, vitesse automobile, détours à prendre, traverse piétonne mal indiquée ou non respectée, etc.). Mieux encore, demandez au personnel scolaire qui fréquentent le parc quel est le chemin emprunté et pourquoi, et recueillez leurs observations. Décidez du chemin optimal, avec l’école, et travaillez à le rendre plus accessible, sécuritaire et agréable (ex. : élargir les trottoirs, réduire la vitesse, réaménager la traverse piétonne, planter des arbres, etc.). Vous pouvez également fournir à l’école des dossards à l’effigie de la municipalité afin de rendre les élèves du préscolaire encore plus visibles lors de leurs déplacements. Et pourquoi ne pas créer un parcours sensoriel en verdissant les rues qui seront fréquemment empruntées (ex. : fleurs, fines herbes, arbustes à fruits, etc.) ? Les jeunes apprécieront encore plus leur déplacement, qui s’en verra bonifié d’occasions d’apprentissages, de découvertes et d’émerveillement.
7 – Faire le pont avec la communauté
Le contexte : L’adage voulant qu’il faille tout un village pour élever un enfant prend tout son sens en éducation ancrée dans le milieu : le territoire et la communauté deviennent des co-enseignants. Cependant, l’enseignant·e n’a pas le temps de rechercher toutes les ressources présentes dans sa communauté. Un mycologue pourrait-il nous accompagner pour notre prochaine randonnée ? Est-ce que des retraités sont disponibles nous accompagner lors de nos prochaines marches ? Qui pourrait nous en apprendre plus sur ce bâtiment historique qui nous a tant intrigués ? Est-ce qu’un·e citoyen·ne pourrait nous faire la démonstration de l’entaillage des érables ? Comment signaler que nous avons trouvé de l’herbe à puce dans ce boisé ? En classe extérieure, les questions tout comme les idées fusent ! Ces dernières sont riches en apprentissages. Mais par manque de temps, ou ne sachant pas trop par où commencer, ces pistes sont souvent mises de côté.
L’idée : Choisir une personne pivot qui peut recevoir les idées, questions et recommandations du personnel scolaire et faire, au besoin, le pont avec la communauté, constituerait un élément très structurant. Cette personne peut être, par exemple, employé·e à la municipalité ou encore dans un organisme communautaire. L’important est que cette dernière soit bien réseautée dans le milieu et que sa tâche soit d’aider les écoles à faire le pont avec la ville et la communauté. Enfin, son nom et ses coordonnées doivent être connus des écoles. Bref : offrir une porte d’accès claire sur les ressources de la ville et de la communauté pour en faciliter la communication. N’oublions pas que l’éducation ancrée dans le milieu peut rejaillir positivement dans la communauté… surtout si cette dernière s’implique ! D’ailleurs, certains milieux qui soutiennent depuis plusieurs années la pédagogie en plein air tiennent annuellement une rencontre de concertation ville-école-communauté afin de tisser des liens, dégager des priorités et des pistes de solution. Une belle occasion de stimuler le dynamisme du milieu !
8 – Impliquer les enseignant·e·s et les jeunes
Le contexte : L’enseignement extérieur conduit les élèves à découvrir leur milieu tout en apprenant. Ce faisant, ils développent aussi un sentiment d’appartenance et de la fierté. L’éducation en plein air fait appel à des approches pédagogiques dans lesquelles les élèves sont actifs physiquement et cognitivement. Cela implique aussi de leur donner une voix et des choix. Que comprends-tu de cet endroit ? Comment t’y sens-tu ? Comment pourrions-nous l’améliorer, en prendre soin, le mettre en valeur ? Les jeunes sont créatifs de nature. Si on leur en donne l’occasion, ils produiront nécessairement une foule d’idées. Mais encore faut-il qu’ils se sentent compris et entendus.
L’idée : Donner une voix aux jeunes de votre milieu et un poids à leurs ressentis, idées et besoins est susceptibles d'engendrer de multiples impacts positifs. Pour l’enseignant·e, il s’agit d’un levier d’apprentissage et de motivation. Par exemple : « La ville voudrait connaître les infrastructures que vous aimez le plus dans le parc et pourquoi. Vous allez composer un texte expliquant au moins deux raisons qui appuient votre préférence. » Ou bien : « La ville nous a demandé d’embellir le sentier du parc municipal. En équipe de trois, vous allez travailler sur une idée que vous soumettrez au groupe. Les deux concepts votés comme les meilleurs par la classe seront présentés au conseil municipal ». Il n’y a rien de plus motivant pour un élève que de savoir que son travail a un sens, une portée. Le jeune éprouve alors un bien-être et une fierté de sentir qu’il fait partie d’un groupe, qu’il a des droits, mais aussi des responsabilités. C’est une manière pour la ville de favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance, la fierté, les compétences citoyennes, l’engagement, etc. Ainsi : prêtez-vous au jeu ! Offrez des petites missions aux jeunes et prenez au sérieux leurs idées. Vous pouvez même décider de co-gérer avec une école certains espaces (ex. : forêt pédagogique de Girardville).
Communiquez avec vos milieux éducatifs
En conclusion : La présence régulière d’élèves dans vos parcs municipaux peut engendrer certains défis (ex. : partage de l’espace, gestion des risques, etc.), mais les avantages et bénéfices surpassent de loin ces enjeux. La municipalité détient de nombreux leviers pouvant faire une réelle différence auprès des milieux éducatifs. Le conseil le plus pragmatique que l’on peut vous donner est le suivant : discutez-en avec vos écoles. Fréquentent-elles déjà le parc ? Quel est le trajet emprunté et s’y sentent-elles en sécurité ? Quelles sont les activités qui s’y déroulent ? Quelles infrastructures sont utilisées ? Quels sont les défis rencontrés ? Mieux encore : visitez-le avec un ou quelques enseignant·e·s pour connaître leurs besoins et recueillir leurs idées et commentaires. Vous aurez ainsi l’heure juste et pourrez mieux cerner les pistes de collaboration et les prochaines priorités !
Vous souhaitez avoir accès à un résumé imagé de ces 8 idées pour rendre votre parc municipal favorable l’enseignement extérieur ? La Fondation Monique-Fitz-Back a créé un document d'une page que vous pouvez télécharger ici.
Crédit pour la photo en tête de l'article : Nancy Olivier / polyvalente Chanoine-Armand-Racicot
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