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À l’heure où le transport actif vers l’école connaît un regain de popularité chez les jeunes et leurs familles, deux enseignantes du primaire expérimentent depuis 3 ans une pratique vraiment inusitée : emmener leurs élèves marcher tous ensemble 3 kilomètres, une fois par semaine, pour commencer la classe.
Carolyne Jacques et Lisandre Simon travaillent à l’École Saint-Laurent de Brossard, en Montérégie. Tous les lundis matins, leurs élèves, comme tous les élèves de cinquième année du Québec, entrent dans leurs classes et déposent leurs affaires. Mais sitôt arrivés, ils sont déjà invités à ressortir pour leur marche de santé hebdomadaire.
« Ça nous prend 45 minutes, explique Carolyne Jacques. Parfois, on se promène dans les rues ; d’autres fois, on se rend sur un circuit situé près de l’école. »
Des minutes gagnées
Aussi motivées soient-elles, comment ces deux enseignantes réussissent-elles à marcher à l'extérieur sans pâtir de ces précieuses 45 minutes envolées avec la marche ? C’est qu’il est loin d’être perdu, ce temps, souligne Carolyne Jacques : « En fait, on utilise le temps qu’on prendrait normalement pour une causerie sur la fin de semaine. Nous, on a décidé de faire ça en marchant. Chacun raconte son week-end aux profs et à ses copains. »
Lisandre Simon et Carolyne Jacques profitent de cette période de marche pour évaluer la communication orale des élèves. Elles utilisent aussi ces moments pour approcher des jeunes qui seraient aux prises avec des situations plus difficiles à la maison ou à l’école.
« Cette marche nous permet de créer des liens entre les élèves, mais aussi entre nous et les élèves », résume Carolyne Jacques.
Des élèves motivés
De retour en classe après leur marche, les jeunes sont « méga disponibles pour apprendre », clament les profs.
« On en profite même pour passer la matière plus lourde le lundi matin, après la marche, parce que nos élèves sont plus motivés. Ce n’est pas compliqué : le lundi, c’est notre plus belle journée ! »
Poussées par leurs enseignantes, les deux classes de cinquième année progressent de semaine en semaine. Ceux qui sont en meilleure forme physique peuvent même courir quand l’activité a lieu sur le circuit.
L’activité physique : la tâche des parents ?
Depuis le tout début du projet, les deux enseignantes bénéficient du soutien indéfectible de la direction. Et en trois ans, un seul parent s’est questionné sur la pertinence de cette marche hebdomadaire. « Il n’était pas foncièrement contre, raconte Carolyne Jacques, mais il trouvait que c’était la responsabilité des parents d’inciter leurs enfants à bouger. Son fils faisait plusieurs heures de natation par semaine, déjà. » À ce sujet, la position de l’enseignante est claire : « Moi, je ne suis pas là pour juger les familles : tout le monde fait son gros possible », avance celle qui pense que la responsabilité d’encourager les jeunes à bouger incombe non seulement aux parents, mais aussi à l’école et à la municipalité. Et ultimement… aux jeunes eux-mêmes.
Justement, les jeunes s’en donneront à cœur joie encore cette année avec leur marche hebdomadaire. Lors des tempêtes de neige, ils pourront même s’élancer sur des raquettes, certaines achetées par l’école, d’autres gagnées dans le cadre d’un concours organisé par Québec en Forme. Bref, rien n’arrêtera la joyeuse troupe de petits marcheurs !