Éducation alimentaire

« Est-ce que mon enfant a assez mangé ce midi?»

Ressource

Un parent vous accroche en fin de journée. Il trouve que son enfant mange peu le midi et vous demande de vous assurer qu’il mange au moins la moitié de son repas. En tant qu’éducateur ou éducatrice, ce genre de situation vous est-il déjà arrivé? Comment intervenir auprès du parent, de l’enfant, du reste du groupe et de votre établissement? Examinons la situation de plus près.

Pourquoi un parent fait-il ce type de demande ?

Les parents souhaitent le mieux pour leur enfant et veulent qu’il grandisse et se développe bien. Ils peuvent aussi craindre que leur enfant ait faim plus tard dans la journée. Ces préoccupations les incitent parfois à vouloir contrôler la quantité d’aliments consommés par leur enfant. Il importe donc de considérer que ce type de demande émerge bien souvent d’une bonne intention de la part du parent.

Crédit photo: AQCPE

Pourquoi un enfant mange-t-il parfois un peu, parfois beaucoup et parfois pas du tout?

Les besoins en énergie d’un enfant varient au fil du temps en fonction de plusieurs facteurs, comme sa croissance, son niveau d’activité physique, son état de santé, etc. C’est pourquoi son niveau de faim change d’une journée à l’autre.

Son appétit peut aussi varier en fonction de différents éléments, notamment son état émotionnel (ex. : une situation qui le rend anxieux ou triste), l’ambiance qui entoure le repas (ex. : les bruits ambiants, le délai pour manger, les camarades assis à proximité), la prise de médicaments et même le type d’aliments qui se trouvent devant lui. En effet, tout comme les adultes, les enfants ont parfois plus envie de manger certains aliments que d’autres !

Il est donc tout à fait normal que la quantité de nourriture ingérée par un enfant fluctue d’un repas à l’autre.

Quelles sont les pratiques du personnel éducateur à l’égard de la quantité d’aliments mangés par les enfants?

Selon des données provenant d’un sondage* réalisé par l’Association de la garde scolaire du Québec (AQGS), on remarque une tendance du personnel éducateur à dicter aux élèves la quantité d’aliments à manger. En effet:

  • 47 % des répondant·e·s se disent d’accord pour contrôler la quantité consommée par l’ensemble des élèves (ex. : demander de manger une certaine proportion du repas ou de faire un effort pour quelques bouchées de plus) ;
  • 74 % sont porté·e·s à contrôler la quantité mangée par certains élèves (ex. : quand les parents le demandent, quand les élèves sont plus jeunes ou ont des conditions particulières) ;
  • 46 % sont d’accord pour féliciter un élève qui a mangé tout son repas.
     

Ces résultats suggèrent que les croyances ou comportements du personnel éducateur ne seraient pas toujours en phase avec les bonnes pratiques. En effet, quand on indique à un enfant une quantité précise de nourriture à consommer, c’est comme si on lui disait de ne pas faire confiance aux signaux de faim et de rassasiement qu’il ressent. De plus, insister pour qu’un enfant mange quelques bouchées supplémentaires de son repas génère une pression. Avec le temps, l’enfant pourrait associer le moment du repas à une expérience désagréable, ce qui risque de nuire au développement de saines habitudes alimentaires. 

Quelle est l’approche à préconiser?

Une autre façon d’intervenir serait d’adopter une approche dite démocratique, c’est-à-dire d’assurer un contexte de repas optimal (ex. : heure des repas fixe, ambiance chaleureuse, environnement sécuritaire, etc.) tout en laissant l’enfant déterminer la quantité d’aliments qu’il consomme. D’ailleurs, selon le sondage de l’AQGS, 44 % du personnel éducateur a répondu être en désaccord avec le fait de contrôler les quantités mangées par les enfants.

Cette approche contribue à ce que l’enfant développe son autonomie à répondre adéquatement à ses besoins. Elle lui permet de se sentir plus libre de goûter à de nouveaux aliments et de manger ce dont il a envie, lui permettant ainsi de vivre une expérience positive. Enfin, lorsque l’attention n’est pas tournée uniquement sur la quantité d’aliments consommés, il y a plus de place pour des échanges agréables en groupe que ce soit au sujet de certaines caractéristiques des aliments ou d’une anecdote loufoque !

Comment répondre aux parents qui s’inquiètent?

Revenons à la demande du parent : « Mon enfant a-t-il assez mangé ce midi ? ». Quelle serait votre intervention ?

Auprès du parent. La première chose à faire sera sans doute de le rassurer ! Vous pouvez lui mentionner que son enfant est l’expert pour déterminer la quantité d’aliments dont son corps a besoin. Enfin, expliquez-lui les pratiques éducatives qui sont mises en place dans votre établissement auprès de tous les enfants dans le but de leur permettre de bien répondre à leurs besoins et de favoriser une relation positive avec les aliments.

Auprès de l’enfant et du groupe. L’approche démocratique a fait ses preuves sur le développement de l’enfant. On le laisse donc décider de la quantité d’aliments qu’il souhaite manger, tout en l’accompagnant vers l’écoute de ses signaux de faim, au besoin.

Lorsque vous mangez devant le groupe, vous pouvez devenir un bon modèle en verbalisant vos propres sensations liées au repas (ex. : « C’était vraiment bon, mais mon ventre me dit qu’il est plein. J’en prendrai d’autre demain. ») Selon leur âge, vous pouvez questionner les enfants sur leur niveau de faim avant, pendant et après le repas. Assurez-vous qu’ils peuvent manger à leur rythme et encouragez-les à savourer leur plat pour qu’ils associent le moment du repas à une expérience positive et agréable !

Auprès de votre établissement. Assurez-vous que les interventions au moment des repas s’appuient sur les bonnes pratiques. Voici quelques outils incontournables pour vous accompagner :

Chouette, on mange ! des outils à partager auprès des parents

Du 17 au 28 janvier, vous êtes invité·e·s à sensibiliser les parents au fait que leur enfant est l’expert pour déterminer la quantité d’aliments dont il a besoin et à les encourager à écouter la faim de leur enfant ! Participez à la diffusion de ce message important dans votre réseau. Tous les détails se trouvent dans la Boîte à outils Chouette, on mange ! — Phase 2.

Chouette, on mange ! est une initiative menée par le groupe de travail sur la saine alimentation pendant l’enfance de la Table québécoise sur la saine alimentation (TQSA) dans le but de sensibiliser les parents d’enfants âgés de 0 à 12 ans aux divers aspects entourant la saine alimentation. Pour ce faire, des outils clés en main ont été créés afin d’être diffusés par les organisations qui rejoignent les parents.

* Sondage réalisé en novembre 2021 auquel 123 éducateurs et éducatrices en garde scolaire ont répondu. 

Cet article a été rédigé en collaboration avec Lucie Laurin Dt.P. de l’Association québécoise de la garde scolaire

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