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Le programme Boîte à lunch est efficace pour améliorer les habiletés culinaires des jeunes, selon le mémoire de maîtrise d’une étudiante en nutrition de l’Université McGill.
« Je sais utiliser un robot culinaire, un épluche-légumes, je sais comment casser un œuf et préparer une recette tout seul » : voilà quelques-unes des habiletés acquises par les jeunes participants aux ateliers Boîte à lunch.
Ce programme est une initiative du Dépôt, un centre communautaire d’alimentation établi à Notre-Dame-de-Grâce (NDG) depuis plus de 30 ans. Depuis 2003, plus de 1500 jeunes de 4e et 5e année ont participé à cette série de 10 ateliers culinaires parascolaires, avec un taux d’assiduité de 85,5 %, ce qui est remarquable pour une activité gratuite !
Un sujet de recherche en or !
Ce programme était un sujet de maîtrise idéal pour Olivia Lovrics, qui s’intéresse aux causes de l’obésité, mais aussi à l’éducation des enfants et aux changements de comportement.
« Les études indiquent que les habitudes et les comportements alimentaires acquis durant l’enfance sont souvent maintenus à l’âge adulte, d’où l’importance de donner aux enfants des occasions d’apprendre à cuisiner », souligne l’étudiante, qui a rédigé ce mémoire dans le cadre de sa maîtrise en Nutrition humaine appliquée à l’Université McGill.
Une collaboration fructueuse entre le monde communautaire et universitaire
C’était aussi une belle occasion pour Le Dépôt d’obtenir une analyse scientifique des données recueillies au fil des années.
En effet, tous les participants aux ateliers remplissent un questionnaire détaillé sur leurs compétences culinaires et leurs habitudes alimentaires au début et à la fin de la session. « Ce document, qui est régulièrement amélioré, permet au Dépôt et à ses partenaires non seulement de vérifier si le programme atteint ses objectifs, mais aussi de bonifier les ateliers », explique l’étudiante. Les cuistots en herbe répondent à 25 questions, leurs parents, à 6.
Olivia Lovrics a analysé les réponses de 178 enfants ayant suivi les ateliers en 2017 et 2018 dans deux quartiers de Montréal (NDG et Centre-Sud). L’objectif était de vérifier si leur participation avait entraîné des changements dans :
- leurs compétences culinaires (habiletés et connaissances) ;
- leur consommation de fruits et légumes et leur ouverture à essayer de nouveaux aliments ;
- leur degré d’implication dans la préparation des aliments à la maison.
Des enfants plus habiles en cuisine
Toutes les réponses aux questions, sauf une, indiquent un changement positif.
« Les résultats démontrent une nette amélioration au chapitre des 21 compétences culinaires mentionnées dans le questionnaire : suivre une recette, la réaliser seul, mesurer les ingrédients, utiliser une râpe, un thermomètre, le four, couper les légumes en dés, etc. », se réjouit Olivia Lovrics. Après la session, les enfants qui n’avaient jamais utilisé certains outils culinaires savaient maintenant comment s’en servir pour réaliser des recettes. L’objectif était donc atteint ! »
Des choix plus sains
Du côté des changements d’habitudes alimentaires, les parents et les enfants ont répondu à trois questions identiques. Les résultats globaux sont moins clairs sur le plan statistique, mais montrent tout de même une tendance positive. Bonne nouvelle : les parents et les enfants étaient d’accord pour dire que les jeunes cuistots étaient mieux outillés pour faire des choix sains après avoir participé aux ateliers.
Par contre, les réponses ont différé au sujet de la consommation des fruits et légumes : à la question « mon enfant mange beaucoup de fruits et de légumes », les parents ont dit avoir observé une augmentation entre le début et la fin des ateliers, tandis que les enfants n’ont pas remarqué de changement. Au chapitre de l’essai de nouveaux aliments, les résultats sont inverses : pas de changement selon les parents, une amélioration selon les enfants.
« Ces aspects sont plus difficiles à mesurer de façon objective que, par exemple, la capacité d’un enfant à utiliser un rouleau à pâte ou à casser un œuf, explique Olivia Lovrics. De plus, les enfants et les parents n’ont pas toujours la même perception de ce que signifie manger beaucoup de fruits et de légumes et cette perception peut même changer au cours des ateliers. » Voilà pourquoi l’étudiante recommande que cette question soit formulée de façon numérique : de 0 à 2 fruits et légumes par jour, de 2 à 4, etc.
Olivia Lovrics recommande aussi d’autres changements pour optimiser le questionnaire. Son mémoire est donc un outil de travail concret pour les organismes sur le terrain, tout en offrant aux chercheurs des pistes de réflexion pour évaluer de façon pratique et efficace d’autres programmes de ce type.
Photos : Jimmy Chicaiza, pour Le Dépôt
Soutien financier pour démarrer un programme Boîte à lunch
Conçu par Le Dépôt, un centre communautaire d’alimentation situé à Notre-Dame-de-Grâce, Boîte à lunch est un programme parascolaire gratuit pour les enfants en 4e et 5e année du primaire. Un appel de propositions est en cours.
Le Dépôt est à la recherche de deux organisations basées à Montréal et œuvrant en sécurité alimentaire pour démarrer les ateliers Boîte à lunch à l’automne 2019.
Le coût du programme est évalué à 34 000 $ annuellement et le Dépôt offre 20 000 $ de subvention pour sa mise en œuvre . Pour en savoir plus : appel à propositions.
Des ateliers complets
Cette série de 10 ateliers hebdomadaires comprend :
- un apprentissage pratique des compétences culinaires et des bonnes pratiques en hygiène et sécurité, à travers des activités interactives ;
- des activités éducatives sur la nutrition, la saine alimentation, et le système alimentaire ;
- l’élaboration en équipe de recettes saines et faciles à reproduire à la maison ;
- un repas santé que chaque participant rapporte à la maison après chaque atelier ;
- un cahier de recettes pour que les enfants puissent les réaliser à la maison ;
- le développement d’une relation positive et saine avec la nourriture.
Un programme « cuit à point »
La qualité et la crédibilité du programme Boîte à lunch reposent sur 15 années d’expérience et sur l’évaluation continue des ateliers. Ceux-ci sont actuellement offerts dans les écoles et les espaces communautaires de trois quartiers montréalais, Notre-Dame-de-Grâce, Centre-Sud (Carrefour alimentaire Centre-Sud), et Saint-Michel (Mon Resto Saint-Michel).
Notez que Le Dépôt offre aussi des ateliers de cuisine et de nutrition parascolaires pour les jeunes du secondaire.
Photos : Jimmy Chicaiza, pour Le Dépôt
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