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Les intervenants des écoles primaires ont depuis peu accès à un tout nouveau guide pour les aider à promouvoir une alimentation positive chez les enfants. Lancé le 21 septembre, ÉducaMiam : cultivons une alimentation positive est un outil de référence simple et concret qui met de l’avant les bonnes pratiques à adopter et qui énumère les compétences essentielles à développer chez les enfants liés à la relation positive avec les aliments. Le projet est issu du Groupe de travail provincial sur la saine alimentation pendant l’enfance.
« Avec ce référent, on souhaite standardiser les pratiques à travers les écoles en facilitant la vie aux membres du personnel qui, souvent, interviennent selon leurs propres motivations, leurs intérêts et leurs valeurs. Ils veulent bien faire. Ils se fient à leurs expériences personnelles et ils perpétuent sans le vouloir des pratiques contre-productives », souligne Lucie Laurin, diététiste à l’Association québécoise de la garde scolaire. C’est elle qui a piloté le projet qui a mené au développement d’ÉducaMiam.
Forcer un enfant à terminer son assiette pour avoir du dessert, obliger un autre à manger un légume qu’il n’aime pas ou interdire des aliments (bonbons, chocolat, boissons gazeuse) dans les boîtes à lunch sont des pratiques à bannir. « Selon un sondage, 80 % des écoles québécoises interdisent des aliments sur la base de leur valeur nutritive. On sait que l’approche autoritaire est contre-productive parce qu’elle crée du stress, de la culpabilité et de la confusion chez l’enfant qui finit par associer l’alimentation à une expérience négative. Il est démontré que d’opter pour une approche démocratique a des effets positifs à court et à long terme », explique Mme Laurin.
Une nouvelle stratégie pour promouvoir l’alimentation positive
Depuis plus de cinq ans, des formations sont offertes aux services de garde par des nutritionnistes sur l’importance des pratiques démocratiques, mais le message atteint difficilement la cible, a-t-on constaté. « Il nous fallait déployer de nouvelles stratégies pour sensibiliser les intervenants en milieu scolaire. On souhaite qu’ils comprennent que l’important ne se trouve pas que dans l’assiette, mais tout autour. On doit miser sur le plaisir et la convivialité lors des repas, sur le développement des préférences alimentaires et sur la reconnaissance des signaux de faim et de satiété. »
L’objectif principal du référent ÉducaMiam, inspiré du référent Ékip, est donc d’aider les intervenants à reconnaître les bonnes pratiques pour développer l’autonomie des enfants, leur confiance et leur connaissance d’eux-mêmes en lien avec l’alimentation. Des experts de la nutrition et de l’éducation ont collaboré à l’élaboration de cet outil qui s’est échelonnée sur 18 mois. « C’est le fruit d’un travail rigoureux, appuyé sur le modèle de littératie alimentaire de Slater et sur la science. C’est bien ancré. »
Changer les pratiques suscite des questionnements et des réticences. « C’est tout à fait normal. Mais une fois les craintes surmontées, ça fonctionne. On l’a vu dans les milieux qui ont récemment changé leurs pratiques », souligne Mme Laurin. Des histoires de cas positives seront d’ailleurs présentées, d’ici les prochains mois, dans des capsules vidéo pour inspirer le plus grand nombre.
« Si un enfant mange dans un environnement agréable, qu’il se sent bien et respecté, il associera les repas à une expérience positive. À long terme, il sera davantage porté à faire des choix sains qui le suivront à l’adolescence et à l’âge adulte », soutient Lucie Laurin.
ÉducaMiam: 15 bonnes pratiques à adopter
Pour des collations et des repas positifs
Interventions démocratiques
1. Laisser l’enfant décider de la quantité d'aliments qu'il mange, en l'aidant à écouter sa faim.
2. Aider l’enfant à identifier ses préférences alimentaires et à ce qui fait en sorte que ses repas sont agréables.
3. Laisser l’enfant choisir ce qu'il veut manger et respecter son rythme à découvrir de nouveaux aliments.
4. Responsabiliser l’enfant en l’encourageant à discuter avec ses parents de ses goûts et des quantités d’aliments à mettre dans la boîte à lunch.
5. Reconnaître que les parents sont responsables du contenu de la boîte à lunch en collaboration avec leur enfant.
6. Privilégier l’éducation alimentaire de groupe plutôt que de faire des remarques sur ce que mange l’enfant.
7. Comprendre les impacts nuisibles des interventions de type autoritaires et restrictives et les éviter.
Démarches sur l’environnement
8. Planifier un horaire et une durée suffisante pour les périodes de repas et de collations. Ceci favorise l’écoute de la faim.
9. Rendre les moments de repas et de collations agréables. Ces moments devraient permettre de savourer les aliments et d'avoir des liens sociaux.
Pour de l’éducation alimentaire positive
10. Planifier régulièrement des activités éducatives liées à l’alimentation saine et écoresponsable qui sont axées sur le jeu et l’expérimentation.
11. Valoriser les aliments pour leurs caractéristiques sensorielles (odeur, texture, couleur, etc.) et culturelles (origine, variété) plutôt que de parler de leurs nutriments (vitamines, sucres, gras, etc.)
12. Valoriser la diversité corporelle, culturelle et alimentaire.
13. Parler d’équilibre et de variété plutôt que de classer les aliments comme bons ou mauvais, santé ou cochonnerie, permis ou interdit.
14. Être cohérent et montrer l’exemple en offrant aux élèves des aliments nutritifs.
15.Transmettre des notions liées à l’alimentation qui sont positives, basées sur des faits et des sources fiables.
Le référent ÉducaMiam Cultivons une alimentation positive est une initiative de l’AQGS porté par le Groupe de travail – saine alimentation pendant l’enfance de la Table québécoise en saine alimentation (TQSA) et rendu possible grâce à la collaboration et au soutien financier du Gouvernement du Québec.