Pédagogie plein air

Éducation en plein air: 3 enseignants font la preuve que même en ville, c’est possible!

Depuis le début de l’année scolaire, les élèves de l’école Laurentide ont fait du rabaska, de l’observation d’oiseaux, de la course en sentier, du montage de tentes… Et cet hiver, ils skieront, glisseront et participeront à des ateliers de survie en forêt.

Si vous croyez qu’ils ont réalisé toutes ces activités en parascolaire, vous avez tout faux ! Depuis deux ans, les élèves de 6e année de cette école de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal, apprennent une partie de leurs matières à l’extérieur, dans un parc-nature. Ils ont la chance d’être encadrés par trois enseignants passionnés, convaincus que le plein air favorise les apprentissages.

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Des profs motivés

Au bout du fil, ils sont quatre : Isabelle Chevalier, enseignante-titulaire de 6e année, Yannick Lacoste et Jocelyn Beaulieu, enseignants en éducation physique et à la santé, et Gabrielle Normand, responsable du GUEPE, un organisme à but non lucratif qui offre des services en sciences de la nature et en environnement.

Le joyeux groupe est passionnant à entendre au sujet du PASE. En quelques minutes, on comprend que chacun apporte sa couleur et son expertise à ce projet. Il faut dire aussi qu’ils ont décidé, l’an dernier, de s’inscrire au programme de 2e cycle d’intervention en contexte de plein air à l’UQAM. De quoi leur donner les munitions pour bâtir ce projet ambitieux.

« On a constaté que nos élèves étaient vraiment en manque de contact avec la nature, raconte Yannick Lacoste. On avait le désir de partir quelque chose en plein air, mais on avait plusieurs critères : on voulait avoir un endroit récurrent, dans un parc, avec un chalet pour les jours moins beaux, que ce soit facilement accessible et surtout, gratuit. On a demandé à Gabrielle Normand du GUEPE de nous aider. En fait, on l’a prise pour le Père Noël, tant nos demandes étaient grandes ! »

Gabrielle Normand a trouvé encore mieux : elle a convaincu la Ville de s’associer et de s’impliquer dans un projet-pilote. Cette année, les élèves de l’école Laurentide se rendront 20 fois (un mardi sur deux) à la Maison du Ruisseau, située dans le Parc-nature du Bois-de-Liesse.

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Bouger et apprendre

Toutes les deux semaines, beau temps, mauvais temps, les trois groupes de 6année prennent le transport en commun pour se rendre au parc. Selon Isabelle Chevalier, enseignante-titulaire, « chaque activité qu’on fait en plein air permet aux élèves de faire des observations et d’apprendre. »

Yannick Lacoste corrobore. : « Le mot important, c’est “interdisciplinarité”. On ne dit pas : “là, on va faire du français, là, on va faire des maths.” On mêle tout ! Par exemple, en éducation physique, on fait de la course d’orientation. Ça demande de la lecture de cartes. En 6e année, il y a au programme la lecture de coordonnées sur un plan cartésien. On fait donc des maths. Avec la boussole, on cherche des azimuts. Ainsi, on travaille les angles. »

Récemment, pour un cours de mathématiques, les élèves devaient mesurer des distances avec des podomètres et se situer sur une carte en fonction de ces distances. Il y a quelques semaines, ils ont dû utiliser leurs apprentissages pour lire les cartes et se retrouver. En tout, ce jour-là, ils ont marché plus de 4 kilomètres. « L’idée, c’est de changer le décor ! » lance Yannick Lacoste. Ainsi les matières académiques prévues au programme sont apprises, comme dans un cours régulier, mais dans un contexte différent.

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Des bienfaits réels pour les élèves

Heureux de passer du temps dehors, les élèves ressentent les aspects positifs de leurs sorties en plein air. En tout premier lieu, ils profitent du calme de l’endroit. Selon les profs, le brouhaha provoqué par le déplacement en autobus de la ville, qu’il faut prendre pour se rendre au parc, se transforme en calme paisible dès l’arrivée.

À plus long terme, les enseignants ont remarqué un impact du PASE sur l’engagement et la motivation de leurs élèves. « Les recherches le démontrent : le plein air a un impact sur la réussite scolaire, précise Yannick Lacoste. Ça ajoute aussi à la quantité d’activité physique que font quotidiennement les élèves. On est à la recherche de notre fameux 60 minutes par jour… voilà une autre façon d’y arriver, sans négliger les matières. »

La relation maître-élève s’en trouve grandement bonifiée, remarquent-ils tous. « En 6e année, on sent que les jeunes sont plus anxieux, notamment à cause du secondaire qui approche. Avec le PASE, ils n’ont pas juste un enseignant à qui se référer : on est 5 adultes présents ! », dit Isabelle Chevalier.

Enfin, pour Yannick Lacoste, le PASE est aussi facilitateur d’intégration sociale. « On a une population issue à 95 % de l’immigration. C’est en analysant notre clientèle que le projet est né. On croit que les sorties en plein air favorisent l’intégration de tous les élèves dans la société. »

Trouver du financement

S’il n’en coûte rien aux élèves pour participer au PASE (l’idée étant de rendre les sorties accessibles à tous, sans exception), il reste que de telles initiatives coûtent cher. La Ville, en acceptant de participer au projet-pilote, a fourni une certaine aide en donnant gratuitement accès aux enseignants et aux élèves à la Maison du ruisseau. Des campagnes de financement ont également été organisées.

Mais il reste de la place à l’amélioration, souligne Isabelle Chevalier. « Ça nous coûte 4000 $ d’autobus avec la Société de transport de Montréal. Mais on montre aux jeunes à utiliser le transport en commun : ce sont des apprentissages sociaux, et en plus, ils vont développer le goût du transport collectif. Ça pourrait être gratuit. »

Et il y a les ressources à l’intérieur de l’école. Les porteurs du PASE sont unanimes : ils sont chanceux que la direction ait été si emballée par leur projet. Très consciente de l’engagement que ça demande aux enseignants, on leur a alloué du temps.

Pour l’avenir, Yannick Lacoste, Jocelyn Beaulieu et Isabelle Chevalier souhaitent poursuivre le PASE et surtout, l’étendre à toutes les classes de leur école. Ils ont même déjà entrepris des démarches en ce sens. Vous risquez donc, dans les prochaines années, de croiser des petits ou des grands élèves de l’école Laurentide dans un parc-nature, les yeux rivés sur leur boussole !

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