Pédagogie plein air

Boom de la pédagogie en plein air au Québec

Une enquête, menée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke, révèle que la pédagogie en plein air a connu un remarquable essor en 2020. Et que nombre de ces acquis ont toutes les chances de demeurer ancrés dans les mœurs.

Les professeurs Jean-Philippe Ayotte-Beaudet (Faculté d’éducation) et Félix Berrigan (Faculté des sciences de l’activité physique) ont pu constater que le nombre d’enseignants au primaire ayant organisé des activités pédagogiques en plein air s’était accru de 43 % en comparaison de l’année précédente, avant la pandémie. Et, au secondaire, la hausse était comparable, à 40 %.

« Évidemment, explique Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, de septembre et octobre 2019 à septembre et octobre 2020, période que nous avons documentée, on s’attendait à ce que la proportion augmente, car la tendance se confirme déjà depuis quelques années. Mais une augmentation de 43 %, ça représente un bond considérable. Et le fait que 23 % des répondants, au primaire, affirment que la pandémie est la principale raison pour laquelle ils ont enseigné à l’extérieur, nous offre un indicateur assez clair. »

Raisons primaires et secondaires

L’engouement pour les classes extérieures diffère considérablement entre les niveaux primaire et secondaire. Ainsi, 63 % des répondants du primaire ont rapporté avoir animé des activités d’apprentissage à l’extérieur au cours des deux dernières années. Des activités qui portaient principalement sur l’enseignement du français, des mathématiques, des sciences, des arts et de l’univers social.

Au secondaire, si la proportion de répondants qui avaient organisé des cours à l’extérieur s’élevait à 45 % depuis les deux dernières années, on constate que, de ce nombre, 65 % d’entre eux enseignent l’éducation physique et à la santé, alors que 19 % dispensent des cours de sciences et technologies. Il existe donc un décalage important entre les deux niveaux, ce que l’enquête n’a pas permis de détailler.

« Toutefois, on sait que le niveau secondaire se prête un peu moins bien à l’enseignement extérieur, précise Jean-Philippe Ayotte-Beaudet. Au préscolaire, on peut facilement passer ses journées à l’extérieur et satisfaire toutes les exigences du programme. Au niveau primaire, comme les enseignants passent beaucoup de temps avec leurs élèves, ils ont le loisir de modifier leur horaire et se reprendre plus tard si les conditions météorologiques forcent l’annulation d’une activité extérieure. Alors qu’au secondaire, les horaires beaucoup plus encadrés font que l’enseignement extérieur est plus difficile à programmer. »

Des élèves plus actifs

« Les résultats les plus saisissants, à mes yeux, souligne Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, concernent la sédentarité. Quand on questionne les répondants du niveau primaire, 89 % d’entre eux rapportent que leurs élèves, lors d’activités pédagogiques à l’extérieur, sont rarement ou parfois sédentaires. À l’intérieur, c’est exactement l’inverse. À 89 %, ils estiment que leurs élèves sont souvent ou presque toujours en position sédentaire. »

« Cela signifie, poursuit Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, que les enseignants recourent manifestement à des stratégies pédagogiques qui mettent les élèves en action. Et dans le contexte du confinement actuel, qui prive les jeunes de leurs activités habituelles, ce sont des données qui sont particulièrement encourageantes. »

Classe extérieure cueillir et conserver aliments

Effet de mode ?

Si tout porte à croire que la pandémie a donné un sérieux coup d’accélérateur à la pratique de l’enseignement à l’extérieur, on peut se demander si la tendance actuelle va se maintenir lorsque la crise sanitaire sera résorbée. Or, l’enquête révèle justement que sur l’ensemble des enseignants du primaire qui ont animé des activités à l’extérieur, au cours des deux dernières années, 84 % disent qu’ils entendent bien conserver cette habitude dans le futur. Au secondaire, cette proportion se chiffre à 89 % !

« Ce que je vous rapporte ici, signale Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, peut paraître anecdotique, surtout que ce n’est pas encore documenté, mais il arrive souvent que des enseignants qui ont pris l’habitude d’animer des classes extérieures, au moins depuis quelques années, disent qu’ils ne pourraient plus s’en passer. Ce sont des témoignages suffisamment dignes d’intérêt pour que, dans le futur, on étudie cet aspect de la question. »

« Autrement dit, enchaîne-t-il, les enseignants qui pratiquent la pédagogie en plein air ne le feraient pas uniquement pour “connecter les jeunes à la nature et pour utiliser des contextes concrets d’application des apprentissages”, qui sont les principales raisons avancées généralement, mais ils le feraient pour eux-mêmes, car ils ont aussi besoin d’aller à l’extérieur. Ce qui voudrait dire, mais ça reste à déterminer, que ce ne serait pas juste un effet de mode. On peut imaginer que ceux et celles qui auront développé une expertise et gagné en confiance pour réussir à intégrer l’enseignement extérieur à leur quotidien ne pourront plus s’en passer ! »

Enquête sur les pratiques enseignantes en plein air du préscolaire au secondaire

Depuis le début de la pandémie, l’école québécoise a été bouleversée. Afin de respecter de nouvelles règles sanitaires, les personnes enseignantes ont dû modifier leurs pratiques. Et l’enseignement à l’extérieur a, entre autres, fait partie des stratégies proposées par les autorités de la santé publique du Canada pour diminuer les risques associés à la COVID-19.

Dans ce contexte, le ministère de l’Éducation du Québec a demandé aux professeurs Jean-Philippe Ayotte-Beaudet (Faculté d’éducation) et Félix Berrigan (Faculté des sciences de l’activité physique) de faire le portrait des pratiques et des effets perçus de l’enseignement en plein air sur les apprentissages et l’activité physique.

Au total, 1 008 personnes enseignantes à travers le Québec ont répondu à l’enquête en ligne, soit 682 au primaire et 326 au secondaire. Cette importante participation a permis de dresser un portrait des pratiques qui prévalaient en septembre et octobre 2019 pour les comparer à celles de septembre et octobre 2020, c’est-à-dire avant et pendant la pandémie.

Source : Université de Sherbrooke

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